Comment désamorcer un conflit couple ? 8 conseils pour résoudre cette situation

Lorsque la communication est compliquée dans le couple, le conflit peut vite apparaître comme une solution. Mais bonne ou mauvaise idée?

29 MARS 2023 · Lecture : min.
Comment désamorcer un conflit couple ? 8 conseils pour résoudre cette situation

Un conflit est une opposition de positions. Ce mot vient du latin conflictus qui signifie heurt/choc. Il peut revêtir une forme positive : le « bon-heurt » ou une forme négative le « mal-heurt ». Par ailleurs, il y a une distinction à faire entre conflits et violences conjugales. Le conflit n'est pas une sous catégorie de la violence car tout simplement car ils n'ont pas la même nature.

Comment savoir si nous sommes face à un conflit de couple ?

Voici 4 critères pour les distinguer :

  • Le pouvoir : Dans le conflit, la notion de pouvoir est absente, tandis que dans les violences conjugales l'auteur a le pouvoir sur l'autre.
  • L'intention : Dans le conflit, nous retiendrons l'idée de l'un voire les deux protagonistes veulent avoir raison sans avoir la volonté de prendre le contrôle sur l'autre. Dans les violences conjugales, l'auteur cherche à obtenir le pouvoir sur l'autre.
  • La persistance : Dans le cadre d'un conflit, le sujet du désaccord n'est pas planifié, là où dans les violences conjugales, un cercle vicieux s'installe et laisse place à des stratégies cycliques et récurrentes pour vérifier la domination de l'auteur sur sa victime.
  • L'impact : Dans les conflits, la liberté d'expression de chacun est préservée tandis que dans les violences conjugales, la victime va être sujette à la peur, la honte, la culpabilité et peut développer des troubles et une forme d'isolement.

Pour synthétiser, dès l'instant où il y a domination sur l'autre avec la volonté d'amoindrir son/sa partenaire, il faut fuir ! Un rappel : en cas de doutes ou pour toutes difficultés un numéro d'écoute anonyme et gratuit : 3919. Le quotidien, la durée de relation, l'environnement familial, professionnel peuvent entraîner des tensions issues de peurs, de besoins et d'insatisfactions conduisant à un déséquilibre. Pour autant un couple est une entité dynamique en perpétuel mouvement.

D'ailleurs, prenons le temps d'observer les différentes phases dans un couple : 

  • La 1ère phase des débuts appelée « lune de miel » avec un lien passionnel voire fusionnel. Un cocktail d'hormones qui donne l'illusion que l'autre est parfait et que le couple est en phase sur tous les sujets. Chacun dans sa singularité se complète dans la singularité de l'autre. Tout est stimulation, exaltation,… Mais la réalité s'installe et la désillusion apparaît. Là où les défauts de l'autre étaient perçus comme anecdotiques, ils prennent de l'ampleur et agacent.
  • Le soufflet retombe et les disputes apparaissent. Une sorte de lutte de pouvoir émerge et la nécessité de s'affirmer prend le dessus, c'est ce qu'on appelle la phase de différenciation. Cette phase peut être vécue particulièrement douloureuse si l'avancée dans le couple n'est pas au même rythme pour l'un des partenaires (resté encore perché sur son nuage). Il sera nécessaire de communiquer pour comprendre les besoins de chacun et trouver un nouvel équilibre.
  • La 3ème phase appelée phase d'engagement peut alors exister après tout ce chamboulement de doutes (même si à ce stade certaines relations n'ont pas tenu le choc). L'équilibre du couple réside dans l'acceptation de la différence de l'autre et dans le consensus. Chacun se sent libre d'exister par lui-même en toute sécurité.
  • La 4ème phase se distingue par l'interdépendance des partenaires qui assument le quotidien et entretiennent la relation. Malgré les tempêtes, ils communiquent et parviennent à maintenir l'équilibre. Ils font preuve de respect mutuel et fournissent des efforts pour répondre aux attentes de l'autre.

Le conflit est il sain dans un couple ?

Oui à la condition d'être en capacité d'écouter son partenaire, de communiquer sur ses besoins et de trouver des compromis ou consensus en cas de désaccord. Quelle est la différence entre compromis et consensus ? Le compromis implique que l'un des partenaires accède à la proposition de l'autre et de ce fait il renonce à sa propre proposition. Le consensus permet d'établir une nouvelle proposition commune (différente de celle proposée par les 2 partenaires) ce qui permet qu'aucun partenaire ne se sente lésé. Pour autant, les deux sont valables mais si le compromis penche toujours du côté du même partenaire alors questionnez cette modalité de fonctionnement.

Comment désamorcer un conflit de couple ?

Il n'y a pas de solution magique mais quelques points méritent d'être valorisés. La première chose est d'agir avec respect. En se respectant soi-même et en respectant l'autre même s'il y a divergence d'opinions. Avant de parler du couple, il paraît important de se connaître soi, pour faciliter les interactions. Ainsi, il est essentiel d'identifier ses besoins, ses limites et ses valeurs pour pouvoir les exposer à l'autre. Mais ce n'est pas tout !

La Communication Non Violente (CNV fondée par Rosenberg) est un outil pertinent et adapté pour désamorcer les conflits. Non seulement pour s'exprimer mais aussi pour trouver le bon timing pour le faire. Pour commencer, on favoriser l'utilisation du « JE » pour éviter le « TU qui TUE ». Cela permettra de sortir de la colère et de rendre l'échange plus accessible pour l'autre. De plus, cela permet de restituer la responsabilité à chacun dans ce qui se passe. La méthode OSBD sera votre meilleure alliée : 

  1. O pour Observation : j'observe de manière objective et factuelle, je prends de la hauteur pour comprendre mes pensées. Par exemple, plutôt que de dire « tu es distant », on privilégie « j'observe que nous sommes éloignés l'un de l'autre et j'aimerais que tu me prennes dans tes bras »).
  2. S pour Sentiment : j'exprime mon ressenti face à la situation. Il n'appartient qu'à moi. Par exemple, plutôt que de dire « tu me traites comme un/une moins que rien », on privilégie « lorsque tu exprimes ce type de propos, je me sens rejeté/e et incompris/e ».
  3. B pour Besoin : je partage mon besoin en toute bienveillance. Derrière chaque émotion se cache un besoin satisfait ou non. Par exemple, plutôt que de dire « quand tu es en colère, tu me donnes envie de l'être aussi », on privilégie « lorsque tu es en colère, j'aurais besoins que tu puisses me dire qu'il s'agit d'une émotion passagère et que tu reviendras vers moi pour discuter plus tranquillement dans quelques temps (on parle en minutes ou heures mais pas en jour, hein ;) car j'ai besoin de te sentir près de moi. »
  4. D pour Demande : je formule une demande concrète qui correspond à mon besoin. Par exemple : plutôt que de dire « tu sors toujours sans moi », on privilégie « j'aimerais qu'on puisse partir en WE tous les deux ou se faire une fois par mois un resto en amoureux ».

Comment reconnaître si le conflit est devenu malsain ?

Pour résumer :« Quand j'entends, je vois (décrire la situation sans juger), je ressens (préciser l'émotion vécue) car j'ai besoin (identifier son besoin et l'exprimer) alors je te demande (partager l'action sans l'imposer afin de répondre à son besoin). Toutefois voici quelques conseils pour favoriser l'apaisement lorsque le conflit est engagé : 

  1. Le câlin :  n'a rien de magique. En réalité, il est rempli de bienfaits qui s'activent grâce aux neurotransmetteurs. Ainsi, s'il répond à une démarche volontaire et qu'il s'effectue dans une durée suffisante, il permet de : Libérer de l'endorphine réduisant ainsi le stress de la dispute ainsi que la pression artérielle. Sécréter de l'ocytocine considérée comme l'hormone de l'amour. Sécréter de la sérotonine et de la dopamine qui produisent une sensation d'apaisement et de bien être.
  2. Faire ses excuses : Cela requiert une certaine maturité émotionnelle et la nécessité de savoir mettre son ego de côté tout en faisant preuve d'humilité. Reconnaître ses torts, dépasser ses peurs, ne signifie pas donner raison à l'autre mais d'assumer sa responsabilité dans ce qu'il s'est passé. Souvent les disputes dégénérèrent en conflits car il y a une escalade asymétrique (tu m'attaques, je réplique). Donc s'excuser commence simplement par reconnaître son implication dans le conflit en exprimant avec sincérité notre participation. Attention à ne pas confondre à la justification qui ne correspond pas à des excuses.
  3. Demander à l'autre ce dont il a besoin : Se mettre à la portée de l'autre est le signe que vous êtes à l'écoute et capable d'empathie. En lien avec la CNV, un reproche cache toujours un besoin. Ainsi plutôt que de se concentrer sur le problème, on s'en extrait pour revenir à l'origine de ce comportement et des reproches. Par exemple « je me sens considéré comme un enfant lorsque tu me demandes de ranger mes affaires, mais en réalité de quoi as-tu besoin ? ». Il y a fort à parier que la personne réponde qu'elle a besoin de se sentir soutenue et que les tâches soient partagées équitablement pour favoriser la sensation de vivre dans un espace accueillant et ainsi limiter l'anxiété quant au rangement !
  4. Décaler la discussion : Sous le coup de l'émotion, il est possible que la discussion ne puisse être constructive à l'instant T. Prenez le temps d'identifier si vous êtes en mesure d'aborder sereinement le désaccord et sinon optez pour en reparler à un moment plus propice. Le risque est de craindre de revenir sur cette discussion et de l'éviter. Alors si cette option est retenue, imposez-vous la nécessité de reprendre cette discussion sans laisser s'écouler trop de temps et déterminez ensemble quand y revenir.

Comment reconnaître si le conflit est devenu malsain ?

Il y a un conflit quand il y a un déséquilibre donc pour vérifier si celui-ci est malsain, questionnez la finalité des échanges et si vos besoins sont respectés. Si chacun peut s'exprimer librement sans craindre la réaction de l'autre et tendre à un équilibre alors le conflit est sain. Voici quelques questions pour tenter d'y voir plus clair :

  • Est-ce que je peux exposer mon point de vu et être écouté ?
  • Mon avis est il pris en compte ?
  • Est-ce que j'ai peur qu'il/elle me fasse du mal si j'exprime mon avis ?
  • Est-ce qu'à la fin de la dispute, c'est toujours son avis qui prime ?
  • Est-ce que j'ai toujours tord ?
  • Est-ce qu'il/elle me tient toujours pour responsable des disputes ?
  • L'autre se remet il en question et l'exprime t-il ?
  • Est-ce que je m'abstiens de donner mon avis pour éviter les disputes ?
  • Est-ce que sa réaction se conclue toujours pas un mutisme ?

Comment faire si le conflit s'est installé comme un fonctionnement « normal » ?

Je vous invite à ne pas rester seul/e et à en parler. Soit à des amis, familles soit à un professionnel (pour une thérapie individuelle). Si les deux ressentent le conflit comme une entrave au bien être du couple, alors il semble préconiser de solliciter l'aide d'un professionnel (thérapie de couple) pour trouver un espace sans jugement et suffisamment sécure pour aborder vos difficultés.

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Écrit par

Virginie Augias

J'accompagne chaque personne lors de difficultés rencontrées afin de restaurer l'apaisement et favoriser l'émergence de ressources sur du long terme. Approche cognitivo-comportementale afin de modifier positivement les croyances et pensées que le patient cultive inconsciemment dans son quotidien et qui freinent son épanouissement.

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Bibliographie

  • Gray, J (2011).  Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus ». 
  • Paradis, L (2012). L'enfant exposé à la violence conjugale, son vécu, notre rôle, l'enfant une éponge.
  • Roserberg, M (2016). Les mots sont des fenêtres, ou bien ils sont des murs : introduction à la communication non violente.
  • Roserberg, M (2015). Etre vraiment soi, aimer pleinement l'autre.
  • Watzlawick , P (2014). Une logique de la communication.

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