Fausses couches

Il faut dire qu’il y aurait environ 20 % de risque de faire une fausse couche au cours des trois premiers mois...

8 JANV. 2019 · Lecture : min.
Fausses couches

Il m’arrive de recevoir en cabinet des femmes encore sous le choc de leurs « fausses couches ».  Il faut dire qu’il y aurait environ 20 % de risque de faire une fausse couche au cours des trois premiers mois.

L'impact d'une fausse couche

Certains pourraient penser que ce n’est pas si grave ! Et il est vrai que certaines femmes traversent plus facilement cette étape de la vie. C’est peut-être pour cela que certains hommes répondent : « Ce n’est pas grave. On en refera un autre ».

Cet autre, tant attendu, d’autant plus qu’il n’arrive pas aussi facilement que nous le voudrions, remplace-t-il l’impact du premier « absent », celui qui n’est pas « arrivé à terme » ?

Comme je l’entends parfois de ces femmes : « Je n’ai pas réussi à le garder jusqu’au bout ! ». Avec tout ce que cela peut entrainer de culpabilité, de déception, de blessures pour ne pas dire de traumatisme, surtout quand les fausses couches se répètent et qu’il faut faire un curetage pour éviter toute complication.

Fausses couches ! Une femme peut-elle en garder des séquelles ? Est-ce normal qu’après des années, elle en soit encore marquée aussi profondément ?

Oui, le corps en est marqué, le psychisme aussi. Et pas que. Il y a aussi tout ce que le  couple, chaque membre du couple à sa façon, avait projeté sur cet enfant à naitre. Sans parler de la suite : la peur de ne pas y arriver la prochaine fois.

Mais comme ce sont de « fausses couches », peut-on s’en plaindre ? En effet, si c’est faux comment pourrait-on souffrir d’une chose qui, en fait, n’est pas arrivée ? D’ailleurs, il est fréquent que dans le couple, la chose soit « minimisée ». Et on n’en parle pas. La femme garde alors cela pour elle se disant qu’il n’y a pas de raison de rester sur cette fausse couche, qu’il faut se concentrer sur l’éventuelle prochaine grossesse. Quant à l’homme, il est parfois loin de s’imaginer l’impact sur la femme, quoique, parfois, lui-même n’ose avouer sa propre blessure.

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Communiquer pour apaiser sa douleur

Or, il est important de pouvoir parler de ce qui s’est passé, de comment chacun l’a vécu, ressenti. Pourquoi ? Parce que ce que nous appelons « fausses couches » sont en fait de «  vraies conceptions » ! En parler, c’est reconnaitre ce qui a existé même douloureusement. C’est permettre que cela aussi soit inscrit au livre de vie de notre histoire d’amour.

Et que dire de cette autre expression : « Il n’est pas arrivé à terme ». Terme de quoi ? Terme par rapport à quoi ? Oui, bien sûr, cet embryon n’est pas arrivé à ce jour où les parents auraient pu le regarder les yeux dans les yeux. Mais qui sait s’il n’est pas arrivé à son terme à lui ? Alors peut-être que la femme peut se dire qu’elle a réussi à l’accompagner jusqu’à son terme…à lui.

En disant cela, je ne cherche pas à regarder la question des fausses couches sous l’aspect médical avec tout ce que cela pose comme questions lorsque cela se répète trop souvent. Des examens sont alors souvent nécessaires.

Mon propos est juste de permettre la parole à celles qui vivent secrètement cette douleur respectable car elle est aussi vraie qu’une fausse couche.

 Photos : Shutterstock

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Écrit par

Jean-Luc Kerdraon

Le point commun à tout son parcours : la rencontre des personnes, l’ouverture à des univers différents, le croisement des savoirs. Une seule approche : Ecouter en vous l’écho de vos paroles, de vos silences, comme de vos émotions, pour mieux m’adapter à la personne que vous êtes. Chaque année, il enrichit le champ de sa pratique par de nouvelles formations complémentaires.

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