La puissance cachée de notre intuition
L'intuition n'est ni un don ni de la magie mais bien une forme d'intelligence singulière. Ecoutez et cultivez la pour renouer avec vos sensations profondes, décodez le monde extérieure et contribuez à votre bonheur.
Voltaire dans Candide, nous invitait à « cultiver notre jardin ». Il entendait par là nous inciter à mener une vie calme sans trop se préoccuper du jugement d'autrui. Parions qu'il nous suggérait aussi d'aller rendre visite à la part la plus riche et la plus secrète de notre intériorité, celle qui fait de chacun de nous un être unique. Or l'intuition, cette « force de l'esprit », nous y mène. Ecouter l'intuition qui se niche au cœur de la psyché effraie souvent un certain nombre d'entre nous. Or, partir à sa découverte est un voyage passionnant, souvent plein de surprises, qui nous révèle à nous-mêmes ; nous prenons alors conscience d'un savoir enfoui, dont la justesse est fascinante.
Qu’est-ce que l’intuition ?
Le mot provient du latin scolastique intuitio (« vue », « regard ») et définit un mouvement ; in (« du dedans ») ; tui (« jaillit ») ; tio (« vers l'extérieur »). En effet, l'intuition correspond avant tout à une qualité de regard, une acuité particulière nous entraînant vers une compréhension plus profonde de nous-mêmes mais aussi de notre environnement.
L'intuition est liée à notre intériorité, à notre psyché. Mais elle induit aussi une extériorisation à travers le langage et l'action. L'intuition ne reste donc pas « lettre morte » en nous ; c'est une intelligence singulière qui apparaît dans certaines conditions.
On pourrait dire que l'intuition ressemble à un muscle : s'il est bien oxygéné et régulièrement entraîné par son propriétaire humain, il va pouvoir déployer toute sa force et son efficacité dans le mouvement vital. A l'inverse, s'il est ignoré, voire dénié, il va s'atrophier et ses qualités inemployés demeureront inutiles.
L'importance du psychanalyste freudien et jungien
Cette discipline, aux confins des sciences humaines et de la pratique d'un savoir être, a permis de découvrir les racines de ce que l'on nomme ordinairement « intuition », puis d'en approfondir la portée chez l'individu. A condition, toutefois, que ce dernier soit sincèrement motivé pour partir à la recherche de sa propre vérité intérieure.
Sigmund Freud fut l'un des pionniers de la compréhension du psychisme humain. Grâce à son observation de lui-même puis de ses patients, il fut le premier à mettre en évidence l'existence du lien entre inconscient et conscient. Toutefois, il le nomme pas « intuition » et évoque plutôt une sorte de surgissement mental spontané issu du premier en direction du second. Il s'agit pour lui du préconscient, une mémoire susceptible de devenir consciente par la verbalisation.
Carl Gustav Jung, un des héritiers de Freud, élabore quant à lui, ce qu'il nomme « La psychologie des profondeurs ». C'est grâce à cette démarche très différente, qu'il abordera de façon plus directe et approfondie le concept d'intuition. Par la suite, il note que l'intuition devient essentielle en thérapie pour le développement de la personnalité. Enfin, il évoque l'intuition comme un passage entre « l'attitude biologique et l'attitude culturelle » favorisant progressivement l'individuation, qu'il définit comme processus naturel de transformation intérieure, vécu consciemment ou non, dans lesquels, l'individu se libère des normes collectives et devient un « individu » psychologique, c'est-à-dire une unité autonome, et indivisible, une totalité.
L'intuition en neurosciences
Alors que la pensée analytique construit des raisonnements, l'intuition semble jaillir spontanément – très souvent comme pour nous guider dans nos choix et nos prises de décision, pour résoudre un problème sur lequel nous butions. Mécanisme inconscient qui s'accomplit sans l'aide de raisonnement, cette petite voix intérieure est devenue, depuis quelques années, l'objet de nombreuses recherches pour les neurosciences, après avoir été longtemps cantonnée au domaine de la parapsychologie.
Quand les neurosciences se développent dans les années 1960, elles s'appuient sur les nombreuses recherches, découvertes et hypothèses antérieures qui ont permis d'éclairer le fonctionnement de cet organe complexe qu'est le cerveau. Cependant son exploration a fait des pas de géant ces dernières décennies grâce au développement de technologies de plus en plus élaborées comme l'Imagerie à résonnance magnétique (IRM) ou encore la modélisation numérique.
Le cerveau est comparé à un superordinateur, mais il a des capacités qu'aucune machine ne pourra dépasser. Car le cerveau est une machine vivante. Contrairement à l'ordinateur, le cerveau ne cessent d'ajuster, de modifier, de produire des pensées qui guident des comportements, de se réorganiser lorsqu'un changement se produit dans notre environnement, c'est ce que les neurosciences appellent la « plasticité cérébrale ». Il reçoit en permanence, une quantité phénoménale d'informations : 4000 milliards de flux par seconde traités par nos 100 milliards de neurones. Mais seulement 1% de nos neurones servent nos activités conscientes et volontaires. Les 99% restants son affectés à tout ce qui est non conscient. Par ailleurs, des études ont démontrés que seulement 5% de nos activités cognitives (décisions, émotions, actions, comportements) sont conscientes. Les 95% restants étant générés hors du champ de la conscience.
Selon certains neuroscientifiques il y aurait ainsi deux « systèmes » de pensée : d'une part une pensée consciente qui procède étape par étape et de façon plutôt lente pour construire un raisonnement, et d'autre part des processus automatiques et rapides, hors du champ de la pensée consciente, et qui échappent de ce fait à la planification et à la délibération. C'est dans le second système que ce manifeste ce que l'on appelle l' « intuition ».
L'intuition nous permet ainsi de réagir rapidement quand la lenteur du processus réflexif n'est pas possible. Pour cela le cerveau opère une sorte de balayage rapide de la situation qui lui permet de rassembler des données à partir d'informations sensorielles ou émotionnelles. Il saisit alors les choses dans leur ensemble, d'un seul coup et réagit immédiatement sans passer par l'analyse de la situation. C'est exactement ce qui se passe quand nous rencontrons une personne pour la première fois et que nous scannons divers indices qui nous permettrons de faire notre première opinion.
L'intuition dans sa dimension spirituelle
Si chacun de nous est doué d'intuition, comme les animaux, de quelle façon accordons nous de l'importance aux signaux qu'elle nous envoie pour en tenir compte, enrichir notre intelligence et prendre de meilleures décisions ? Plus que de notre degré de sensibilité, notre disposition à écouter notre intuition dépendrait de nos croyances, notamment celles qui posent la raison et les explications matérialistes comme supérieures ou seules valables.
L'intuition est considérée comme une source originale et indépendante d'accès à la connaissance que d'autres sources ne fournissent pas. Elle désigne la capacité à obtenir des connaissances qui ne peuvent être acquises ni par déduction, ni par observation, ni par la raison, ni par l'expérimentation. L'intuition a deux synonymes principaux qu'il semble intéressant de rappeler :
- La faculter de prévoir, de deviner ou d'anticiper. On parle de pressentiment, d'instinct, de flair, de prescience, de prémonition. Le vocabulaire scientifique retient plutôt précognition ou prénotion.
- La perspicacité qui est une forme de lucidité, de sagacité, de clairvoyance ou de discernement, mais renvoie aussi à la subtilité, la finesse et l'acuité.
L'intuition ne correspond pas à la culture dominante en Occident, qui repose sur la pratique continuelle de la conceptualisation, de la réflexion, la rhétorique, le calcul et l'argumentation c'est-à-dire d'une démonstration en vue de convaincre son interlocuteur. De même, elle n'a rien à voir avec les principes moraux, pas moins avec les suppositions, les interprétations, les croyances et les dogmes de toute la sphère religieuse, au sens large, y compris les nouvelles religions de la psychologie. L'intuition est la connaissance nue dépouillée de toute forme de savoir et de culture.
Elle est une sorte d'enseignement intérieure, une capacité à recevoir les informations sur ce que nous avons besoin de connaître quand nous avons réellement besoin. Pour certains, cela la rapproche même de l'empathie, voire de la télépathie. L'intuition fait partie de nous, elle est intrinsèque à notre nature d'être vivant. Elle est une ressource en permanence à notre disposition. Oui, l'intuition est également cette énergie de connexion des êtres vivants entre eux, participant harmonieusement au grand concert de la vie dans le cosmos, c'est-à-dire au grand mystère de la création.
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