Cohérence cardiaque, sophrologie et meditation : comment s'y retrouver ?

La sophrologie, la cohérence cardiaque et la méditation de pleine conscience (au moins dans ses premiers exercices) utilisent toutes les trois une focalisation de l'attention sur la respiration et sur le corps. Pour ce qui est de leur effet attendu, elles procurent chacune un apaisement des tensions musculaires et psychiques. Il est donc fréquent de faire la confusion entre ces 3 approches, d'autant plus qu'il est tout à fait possible d'entrer en cohérence cardiaque sans le savoir, pendant un exercice de sophrologie ou de méditation.

Différence entre méditation, sophrologie et cohérence cardiaque

Des etats physiologiques différents

• En réalité, l'expression « cohérence cardiaque » désigne un état physiologique particulier de la variabilité car­diaque, obtenu volontairement par une rythme respiratoire précis de 6 cycles (inspir/expir) par minute. Elle n'entraine aucune modification de l'état de conscience ou de vigilance.
• Le « niveau sophroliminal » recherché en sophrologie est différent est s'apparente davantage à un état d'hypnose légère dans lequel les ondes du cerveau se rapprochent de celles de la méditation et frôle quelquefois l'état de sommeil léger, même si un certain niveau de vigilance est toujours activé et requis, ce qui rend la sophrologie si particulière. 
• La méditation, quand à elle, est un état très particulier qui n'est ni le sommeil, l'état sophroliminal, ni l'hypnose, ni tout à fait l'état de veille telle qu'on le connait. Entre ces 3 états les deux états les plus proches sont la méditation et la cohérence cardiaque, en ce sens qu'elles mobilisent toutes deux une pleine présence à l'instant présent.

Des effets cognitifs (modification de l'activité cérébrale) différents

• La cohérence cardiaque, la méditation de pleine conscience et la sophrologie cherchent toutes les trois à provoquer volontaire­ment un état physiologique et cognitif particulier en partant d'une focalisation sur le corps et sur la respiration, mais de manière moins développée en ce qui concerne la cohérence cardiaque. C'est l'avantage de cette dernière technique pour les personnes qui ont des difficultés à lâcher prise et se poser longtemps en méditation ou en sophrologie : la simple concentration sur la respiration sans rechercher à « arrêter » les pensées ou à observer minutieusement les sensations dans tout le corps est la première étape vers une pratique plus contemplative et plus en profondeur, qui ne peut se faire que progressivement.
• Le gros avantage de la cohérence cardiaque par rapport aux deux autres est qu'elle n'entraîne aucune modification de l'état de vigilance et préserve toutes les fonctions cognitives, notamment lorsque l'on a besoin de rester dans l'action, comme par exemple lors d'une performance sportive ou lors d'un entretien d'embauche.

Des intentions différentes

Si ces 3 approches permettent toutes une bonne gestion du stress, elles restent très différentes dans leurs intentions.

• Intention de la cohérence cardiaque : Dans sa technique de base (5/5), la cohérence cardiaque ne requiert qu'une attention au rythme respiratoire, sans aucune intention par­ticulière. Ce qui permet de l'utiliser sans au cœur des activités quotidiennes, y compris lorsque l'on a besoin d'interagir avec l'environnement, avec un peu d'entraîne­ment. Son objectif : réguler le rythme cardiaque pour éviter le stress et ses somatisations. La pratique peut évidemment être enrichie par la suite par des techniques de visualisation positive empruntées aux deux autres approches, qui viendront en booster l'efficacité.
• Intention de la sophrologie : D'une approche moins réductive que la cohérence cardiaque, la sophrologie dirige l'attention sur le corps entier, en mouvement ou immobile, ainsi que sur la psyché (sensations, perceptions, émotions). L'objectif : mettre à distance et de réduire l'impact des cognitions et émotions en étant pleinement présent au corps (schéma corporel). Comme je l'explique dans mon livre « La cohérence cardiaque, le guide pratique au quotidien » (Rustica Editions, 2021), « L'induction sophrologique a pour but de modifier l'état de conscience jusqu'au niveau « sophroliminal » (ondes thêta proches du sommeil), pour « débrancher » le cerveau analytique responsable de nos cognitions, de manière à laisser place à un mode de fonctionnement plus intuitif dans lequel une pensée ou intention positive (techniques d'activation) pourra être travaillée sans la censure du jugement ration­nel. Ce qui permet de déprogrammer les pensées automatiques, (croyances, jugements, interprétations et sketches négatifs) »
• Intention de la méditation de pleine conscience :  Sans rechercher ouvertement un état de conscience modifié l'objectif de la méditation est de permettre une désidentification des émotions et des sketches mentaux automatiques (se qu'on se raconte des situations présentes, passées et futur, des jugements sur soi et sur autrui), de manière à ne plus les laisser diriger notre existence. Sensations, pensées et émotions sont accueillies dans l'espace de la conscience qui devient de plus en plus vaste au fil de l'entrainement. Il est également possible de porter l'attention sur une valeur (amour, gratitude, pardon, etc.) de manière à la laisser emplir l'espace de notre conscience…

Ces différences d'intention sont en parties liées à l'histoire de chacune de ces approches. Pour en savoir plus, je vous invite à consulter mon livre « La cohérence cardiaque, le guide pratique au quotidien » (Rustica Editions, 2021).

Effets physiologiques et psychiques

La méditation, la sophrologie et la cohérence cardiaque entraînent toutes trois des effets phy­siologiques comparables : un ralentissement des fonctions du système nerveux sympathiques (rythme cardiaque, tension artérielle et musculaire) au profit d'une stimulation de l'activité parasympa­thique (qui peuvent s'accompagner de bâillements, salivation, gargouillis, endormissement… )

Mais tandis qu'on ne comprend toujours pas complètement comment fonctionne l'hypnose et la sophrologie on sait depuis longtemps expliquer la cohérence cardiaque qui repose entièrement sur des processus physio-logiques : « sa démonstration ne fait appel à aucune croyance, théorie ou postula invérifiable. Ses résultats sont observables, mesurables et reproductibles ». (ibid, p. 51).

L'avantage de la cohérence cardiaque : rester calme tout en étant actif

Comme nous l'avons vu plus haut, alors que la sophrologie et la méditation entraînent un état modifié de conscience proche du sommeil avec une baisse de vigilance (pour la sophrologie) ou déconnecté de l'environnement extérieur (méditation), la cohérence cardiaque préserve un niveau de vigi­lance suffisant pour interagir avec l'environnement. Avec une peu d'entrainement vous pourrez tout en pratiquant, conduire, pratiquer un sport, parler en public… Dans le cadre de la gestion du stress moderne (qui survient la plupart du temps dans des situations actives et en interaction avec autrui), c'est un avantage certain.

Les enfants peuvent-ils le pratiquer ?

Plus simples à mettre en œuvre que la sophrologie ou la méditation, les exercices de respiration peuvent être pratiqués par les enfants dès 5 ou 6 ans, moyennant quelques astuces ludiques, comme par exemple souffler sur une petite plume ou une flamme de bougie pour les faire danser. Ils peuvent apprendre ainsi à se concentrer, se canaliser et se détendre. A l'issue de cet article, vous vous repérerez peut-être plus facilement dans la jungle des techniques de gestion du stress et des émotions, et vous porterez peut-être un regard plus intime sur votre coeur, qui vous maintient en vie à chaque instant…

« Car c'est bien d'intimité qu'il s'agit, finalement, et comment vous pouvez réussir, avec un peu d'entraînement, à vous familiariser de plus en plus avec vos états intérieurs ». Peut-être même que certain(e)s d'entre vous auront envie de pratiquer une ou plusieurs de ces approches, et seront étonné(e)s de découvrir la puissance des bienfaits et du recen­trage qu'ils permettent, comme un retour bienveillant à soi-même et au calme. (ibidem, p. 177)

Comme l'écrit Anne-Gaëlle Piret, « L'acte écologique, le seul qui mérite cette appellation, c'est celui qui concerne le travail de guérison que l'on accomplit sur soi (...). C'est parce que l'on se soigne soi-même que le monde change.» Ainsi prendre soin de nos émotions et de nos pensées, c'est aussi prendre soin de l'autre et par conséquent, à notre échelle, prendre soin du Monde. 

Les informations publiées sur Psychologue.net ne se substituent en aucun cas à la relation entre le patient et son psychologue. Psychologue.net ne fait l'apologie d'aucun traitement spécifique, produit commercial ou service.