Quand l'enfant ne dort pas : quelles solutions ?

Le sommeil de leur enfant, surtout lorsqu'il est irrégulier, est souvent source d'inquiétude pour les parents, qui consultent volontiers médecins et psychologues à ce sujet...

29 MAI 2014 · Lecture : min.
Quand l'enfant ne dort pas : quelles solutions ?

Tous les jeunes parents se confrontent, dès la naissance de leur enfant, à des temps de sommeil chaotiques : réveils nocturnes, endormissements tardifs ou réveils précoces, la naissance d'un enfant heurte systématiquement le sommeil de ses parents. Pour certains, cette période de chaos sera de courte durée et correspondra seulement au temps du nourrisson ; pour d'autres, elle marquera l'entrée dans de nombreux mois de cernes, questionnements et tâtonnements avant de retrouver enfin le plaisir de dormir.

La mise en place du sommeil

Bien avant d'être compris et interprété en psychologie et en psychanalyse, le sommeil, c'est une nécessité physiologique, vitale, qui se met en place progressivement au cours des premières années de la vie. Le sommeil apparaît dès la vie fœtale, où l'on observe, dès le 6ème mois de gestation, une alternance entre un sommeil « agité » et un sommeil « calme ». À sa naissance, le nourrisson dort entre 14h et 20h par jour (selon les enfants, qui, dès le début, n'ont pas tous les mêmes besoins en sommeil). Il alterne des phases de : sommeil «agité» (lors duquel on peut remarquer de nombreux mouvements musculaires, dont des mimiques de visages parmi lesquelles on peut reconnaître celles associées aux 6 émotions « fondamentales » : peur, colère, tristesse, dégoût, surprise et joie – avec les fameux « sourires aux anges ») ; sommeil «calme» (l'enfant est immobile, sa respiration est régulière), et des états d'éveils, calme ou agité. Le sommeil s'organise sur des rythmes de 3/4heures.

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Sommeil et âge

La périodicité jour-nuit (endogène) apparaît vers 1 mois : dès ce moment, le temps d'éveil en journée va s'allonger, tout comme le temps de sommeil nocturne. A ce moment, les rythmes de sommeil sont encore indépendants du contexte environnemental, mais le respect de la luminosité, de temps de jeux et sorties dynamiques en journée, et de l'obscurité, de jeux calmes et apaisés dès le soir, va peu à peu permettre au bébé d'organiser son sommeil sur un rythme circadien social.

Jusqu'à environ 6 mois, le sommeil de nuit va s'allonger, se stabiliser, le sommeil « calme » du nourrisson se mue peu à peu en un sommeil «lent profond» proche de celui de l'adulte, et le temps de sommeil agité diminue. Les réveils nocturnes sont parfois encore fréquents, le plus souvent pour téter. Entre chaque cycle de sommeil (d'environ 50 minutes), le bébé s'éveille brièvement, puis se rendort. (L'adulte conserve ces éveils entre deux cycles, mais ils durent habituellement moins de 3 minutes, et nous n'en conservons généralement aucun souvenir.) Ces «micro-éveils» sont parfois l'occasion de babillages, légers pleurs ou agitation.

À partir de 6 mois, l'enfant n'a plus besoin (physiologiquement) d'être nourri la nuit et va donc allonger son temps de sommeil nocturne (jusqu'à environ 12 heures à 1 an), et réduire son temps de sommeil diurne pour passer de 3 ou 4 siestes quotidiennes vers 6 mois à 2 vers 1 an et 1 vers 18 mois. Il s'endort désormais, comme l'adulte, en sommeil «lent», et connait davantage de phases de sommeil paradoxal (le sommeil des rêves, héritier du «sommeil agité» du nourrisson) en seconde partie de nuit. L'enfant se réveille parfois longuement entre deux cycles, surtout aux alentours de 8 mois (pour une raison encore méconnue).

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Ce n'est que vers 4 ans que l'enfant abandonne le sommeil diurne, et compense alors par un sommeil lent profond parfois beaucoup plus long que l'adulte en début de nuit. C'est à ces moments-là que se produisent éventuellement des manifestations motrices involontaires parfois très impressionnantes (mais bénignes et, le plus souvent, ponctuelles) telles que les terreurs nocturnes, le somnambulisme, l'énurésie. Les différentes phases de sommeil telles qu'elles se succèdent à l'âge adulte se mettent en place à l'adolescence (sommeil lent, léger puis profond, puis sommeil paradoxal, puis phase courte de « pré-éveil » ou micro-éveil, puis nouveau cycle).

Les troubles du sommeil

La médecine recense des «pathologies» du sommeil : il s'agit de troubles installés du sommeil «mature» ayant un retentissement sur la santé de la personne ou sur sa vie sociale, comme : les insomnies sévères (difficultés d'endormissement ou réveils nocturnes plusieurs nuits par semaine et pendant plusieurs semaines consécutives) ; la narcolepsie (endormissement inopiné et incontrôlé au cours de l'activité) ; les parasomnies ( somnambulisme, terreur nocturne de l'adulte, énurésie…) ; les troubles moteurs du sommeil (« syndrome des jambes sans repos ») ; les troubles respiratoires du sommeil (apnée). En psychanalyse, le sommeil est compris comme une «pulsion de mort» (la pulsion de mort tend à faire cesser toute tension ressentie comme la faim, le plaisir ou le déplaisir…). Par opposition, le réveil est associé à la « pulsion de vie ».

Dès lors, les troubles du sommeil sont interprétés sous l'angle de la relation du sujet à ces deux pulsions antagonistes. En ce qui concerne le jeune enfant, le sommeil est en pleine et constante évolution, et on ne peut pas encore parler de «troubles» au sens pathologique. Nous portons donc notre attention davantage sur les «troubles mineurs» du sommeil, qui, en dépit de leur qualification («mineur») peuvent peser sur la relation parent-enfant, et sur la vie familiale de façon « majeure ».

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Certaines astuces peuvent néanmoins soulager les parents

  • De la naissance à 1 an

Rappelons que le bébé doit être couché (dans un lit, un berceau, un couffin, à votre convenance) sur un matelas ferme, à la dimension du lit, dans une turbulette (les couvertures ne seront possibles que lorsqu'il aura acquis la motricité suffisante pour les repousser si jamais elles le gênent pour respirer), préférentiellement sur le dos ou le côté (jusqu'à ce qu'il soit capable, à plat ventre, de redresser sa tête et de la poser sur le côté), dans une chambre chauffée à environ 19°C. L'enfant « confond » le jour et la nuit, il est assez fréquent que des parents s'inquiètent de voir leur nourrisson dormir longuement en journée, et sembler très en forme la nuit. Rappelons que cette perturbation est normale au cours des premières semaines de vie, et commence habituellement à s'atténuer vers 1 mois (lorsque le bébé devient capable de distinguer le jour et la nuit), pour, en principe, être oubliée vers 4 mois. Certains enfants ont cependant besoin d'un peu d'aide pour inscrire leur sommeil dans un rythme conforme à celui des adultes.

À ceux-là, proposons d'accentuer le contraste jour/nuit, en insistant sur les activités extérieures, la luminosité (il est possible de ne pas faire dormir l'enfant dans le noir complet pour les siestes), les échanges verbaux en journée, et en maintenant toutes les « activités » (soins, repas, câlins) nocturnes dans la pénombre, en parlant peu et à voix basse, avec des gestes calmes, lents. Dès 4 mois, on peut également instaurer une régularité (relative : vous n'êtes pas des machines, et bébé non plus !) dans les horaires de coucher, de lever, de repas.

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Les pleurs du soir

De nombreux bébés (pour ne pas dire presque tous), connaissent, en fin de journée, une phase de pleurs intensifs (pouvant durer jusqu'à 3 heures), alors même qu'ils peuvent avoir passé une journée très calme. Cette période d'éveil « hyperactif », déjà présente in-utéro, serait le symptôme du système d'éveil qui s'emballe, et n'est plus maîtrisé par l'enfant. Les psychologues le comprennent davantage comme un relâchement des tensions accumulées au cours de la journée.

Dans les deux cas, il s'agira de s'armer de patience, car le bébé n'est pas en train de faire un « caprice », il ne contrôle pas son état. Il a alors besoin que l'on abaisse au maximum les stimulations autour de lui. On pourra lui proposer un lieu calme, sombre, les bras de ses parents ou son lit (certains bébés seront stimulés par le portage).Les pleurs, parfois, peuvent être violents pour le parent, qui se sentira énervé, fâché contre son enfant, et aussitôt, culpabilisé de ses émotions.

Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à laisser le bébé seul dans son lit, car il ressent avec acuité les émotions qui assaillent ses parents, ce qui constitue une stimulation supplémentaire. (Et, non, il ne sera pas traumatisé que vous le laissiez seul à ce moment-là). D'autre part, rappelons que, s'il est normal d'avoir envie de passer son bébé par la fenêtre occasionnellement, il est impératif, lorsque l'on sent la violence monter en nous, de quitter la pièce, même si bébé pleure ; il ne faut jamais secouer un bébé.

Encore des questions sur le sommeil de votre enfant ? Des psychologues vous répondent gratuitement et rapidement sur la section questions de notre site.

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Charlotte Doé De Maindreville

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Commentaires 1
  • Adel

    Je suis obligé de réveiller mon bébé de 9mois en pleine sieste que ce soit matin ou après midi. Souvent mon bébé dort profondément. Car je dois aller chercher la plus grande à l école. A la longue, est ce que cela peut avoir des conséquences néfastes sur le sommeil de mon bébé? Merci.

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