Vivre le deuil durant le confinement

Les bouleversements dans notre cheminement du deuil, rendre hommage et s'unir dans le chagrin est essentiel.

28 AVRIL 2020 · Lecture : min.
Vivre le deuil durant le confinement

Dans cette période de confinement obligatoire, même si nous comprenons l'urgence sanitaire et les contraintes que cela engendre, les décisions gouvernementales de précaution et de distanciation sociale bouleversent nos repères et nous touchent dans ce que nous avons de plus intime : le deuil.

Cela va modifier complètement nos traditions funéraires, l'avenir des endeuillés s'annonce bien sombre.

La cérémonie des obsèques joue un rôle clé dans le cheminement de notre deuil en marquant la première séparation avec le défunt dans notre monde de vivants. Lui rendre hommage et s'unir dans le chagrin sont essentiels.

Les cérémonies sont limitées au premier cercle familial et dans un certain nombre, les proches les plus éloignés ne pourront s'y rendre, ce temps d'hommage sera restreint.

Comment faire pour accepter ces contraintes, ne pouvoir les couvrir de fleurs et prendre dans nos bras ceux qui restent.

Ce confinement vient perturber un rite séculaire qui permettait de transcender l'épreuve. Nous en sommes encore plus douloureux dans notre sentiment d'impuissance et de déshumanisation, un goût d'inachevé ........

A nous d'inventer d'autres rituels pour compenser l'absence de ceux existants depuis des millénaires. Nous avons la responsabilité de tracer notre propre chemin vers le deuil. A nous de trouver les pierres précieuses qui nous aideront à avancer, nous seuls pouvons le baliser.

Plein de gens puisent dans leur créativité intérieure, dans le soutien aux autres, dans l'accompagnement aux anciens, les amis et les familles s'unissent à travers un écran pour vivre ensemble l'au-revoir au défunt, la création de fleurs en papier pour palier le manque de fleuristes, des galets peints, les dessins des enfants, des fleurs fraîches ramassées au bord du chemin, des chansons chantées à l'unisson et bien d'autres.

Mais nous pouvons également nous forger des rituels à la maison, nous avons besoin de choses tangibles, concrètes pour appréhender le deuil.

N'oublions pas les enfants, permettons leurs d'entrer dans cette intimité familiale, participer à cette émouvante créativité.

Mais il faut savoir que le confinement n'aura qu'un temps et tout ce qu'il n'est pas possible d'organiser aujourd'hui pourra l'être plus tard.

On peut dès lors se faire la promesse de se retrouver autour de la sépulture du défunt et saluer sa mémoire.

On peut imaginer quelque chose de beau, de profond, de chaleureux c'est très important, la porte des possibles.

La pandémie bouleverse nos vies et nous invite à puiser dans nos ressources intérieures, trouver ce qui nous apaisera, qui aura du sens pour nous comme pour le défunt.

Prenons la pleine conscience que nos morts resteront à jamais confinés dans nos mémoires.

Isabelle Dlubek - 20 avril 2020

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Écrit par

Dlubek Isabelle

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Commentaires 1
  • Mirabelle

    En effet, vivre un deuil en étant loin est très compliqué. Merci pour cet article.

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