Errance existentielle et professionnelle...
Bonjour,
Je vous écris aujourd'hui en désespoir de cause, car autour de moi, je n'ai jusqu'alors trouvé aucune solution à ma problématique. Ni auprès de psys, ni auprès de mon compagnon. Et ne parlons pas des amis, car je n'en ai plus. Parmi les collègues de travail, c'est encore pire à envisager, car nous ne venons pas de la même planète. Donc, je reste chez moi pour ne pas subir les agressions du monde extérieur. Tout me blesse tellement intensément que c'en est ridicule.
Bref, voilà : je souhaite trouver un exutoire à mon errance de vie : depuis ma plus petite enfance, je ne comprends pas ce que je fais sur Terre, j'ai toujours été rejetée des autres, je ne me reconnais pas en retour parmi eux comme étant "des leurs" (y compris mes parents). Je me sens complètement étrangère à leurs intérêts comme eux trouvent les miens étranges. En gros, depuis toute petite, je m'adapte à eux, je fais semblant afin de donner de moi l'impression d'une personne "normale".
Second problème essentiel : ma relation au travail. J'ai quitté l'école après le Bac car j'ai toujours détesté l'école : tantôt je m'y ennuyais, tantôt je subissais les assauts violents de mes "camarades". Je me suis néanmoins inscrite pour la première fois à la Fac l'année de mes 33 ans, quand j'ai compris que le monde professionnel (dont j'avais déjà fait le tour à mon goût) ne m'offrirait jamais l'épanouissement recherché. À présent, je suis en 3e année de doctorat en Anthropologie-Ethnologie, et je suis redevenue caissière en supermarché pour me financer (eh oui, je n'ai aucun soutien de ma Grande École ni de personne, si ce n'est de grands compliment dithyrambiques et parfaitement gratuits sur ma recherche, bien sûr).
Toutefois, j'ai également compris l'an passé, pendant un énième épisode de remise en question, que la recherche ne m'offrirait pas non plus une place, MA place tant attendue après la thèse (si je trouve la motivation pour la terminer, soi dit). En effet, les réunions autour de thèmes fumeux qui n'aboutissent jamais en UNE réponse constructive me fatiguent, tout comme la perspective de faire comme mes collègues de post-Doc mettant en moyenne 10 ans après leur thèse pour obtenir un CDD de 3 ans au CNRS. Dans 10 ans, j'aurais donc 51 ans et toujours pas de place dans cette fichue société !!!!
J'ai pourtant tellement cherché, essayé de croire, galéré. Mon CV est long comme la vie, mes expériences sont très diverses. Et pourtant... tout cela m'a ennuyée. Je n'arrive pas à prendre au sérieux la comédie des relations de travail, etc.
J'ai besoin d'autonomie et de créativité. Dans le cadre de ma thèse, je peux mettre en place des concepts innovants et osés (mais qui n'aboutissent, hélas, à rien en termes de sens absolu). Paradoxalement, j'ai aussi besoin de soigner l'image de ma propre créativité, trop longtemps accusée en vertu du fait qu'elle me sépare de l'Autre.
Au secours. Pourquoi ce malaise si long ? Il y a des jours où ma peine est si forte que je veux mourir. J'éprouve ce sentiment de décalage, d'inutilité et d'incompréhension depuis tellement longtemps !!! Au secours.
Je n'aime pas me plaindre, mais ma souffrance endémique est de plus en plus lourde à traîner. Je ne peux me confier à personne, car personne ne semble comprendre ma peine ontologique, si simple et si complexe à la fois : celle d'être au monde sans la possibilité de communiquer un jour avec lui ni de me consacrer à une mission professionnelle que j'aime véritablement.
Bien à vous,
Malheur Souriant.