Le blues des mamans : comment le fait de devenir mère change-t-il la vie d'une femme ?

Selon les derniers chiffres 15% à 20% des mères souffrent d’une dépression dans l’année qui suit la naissance de leur enfant. Ce sujet, longtemps tabou, est une véritable préoccupation de santé mentale.

18 JANV. 2023 · Lecture : min.
Blues mamans

La vision idéalisée de la natalité a empêché le débat sur cette question et joué un rôle dans la prise en charge des mères qui, souvent honteuses, hésitent à en parler à leur entourage ou aux professionnels de santé.

L'arrivée de bébé un événement bouleversant

Selon les études en psychiatrie, la naissance est considérée comme un des événements de la vie les plus bouleversants, et pour cause, de fille, la femme, passe à être mère et de deux le couple doit s'adapter à un tiers. Mais si la période définie comme « à risque » est bien celle qui suit la naissance du bébé, c'est, souvent, bien avant que les choses prennent racine.

Effectivement, dès que le désir d'enfant est évoqué au sein du couple la femme peut être affectée par des conflits internes d'origine ancienne. Cette fille dont nous parlions plus haut est, en quelque sorte, rattrapée, par des images inconscientes restées « en sommeil » en elle et réveillées par le désir d'enfant, l'angoisse d'être à l'hauteur, l'angoisse de devoir renoncer à d'autres désirs, ou à d'autres idéaux.

Prenons le cas d'une jeune maman qui consulte et nous dit « Depuis que ma fille est née, j'ai l'impression de ne plus exister ». Cette représentation négative peut être reliée à son histoire. Cette maman ressent le besoin de faire une belle carrière pour payer une « dette » envers ses parents qui l'ont toujours encouragée à faire des études ou bien, pour se sentir exister en dehors de ses propres parents. De cette manière dès la fin de son congé parental elle reprends son travail, un travail qu'elle aime et que, jusqu'à là, elle investissait pleinement. Maintenant elle se sent coupable car elle pense délaisser sa fille.

Le blues des mamans:

Dans cet exemple la patiente est en proie à un conflit interne qui est encré dans son histoire et qui s'actualise aujourd'hui par une image dévalorisée d'elle même quant à son rôle de maman et une image de son bébé comme un être extrêmement fragile. Cette ambivalence est très souvent présente chez les jeunes mamans d'aujourd'hui.

Faire une place pour le bébé à naître

La boucle est bouclée quand on sait qu'un bébé et sa maman sont en « osmose » et communiquent mutuellement. Le bébé ressent les angoisses, peurs, colère de sa maman et agi avec son angoisse à lui découplée par leur relation difficile. Les pleurs et les nuits blanches qui peuvent en résulter aggravent la fatigue et l'angoisse de la maman qui se sent de plus en plus coupable de ne pas arriver à rassurer son bébé.

De plus, l'anxiété que la jeune mère ressent peut survenir avant la naissance, là encore l'histoire familiale, les représentations internes de la jeune femme ainsi que les circonstances de la conception (bébé désiré mais difficultés pour tomber enceinte, grossesse non désirée…) vont entrer en ligne de compte. Dans ces cas l'interaction psychique mère-enfant va se traduire également par une interaction biologique (in utero). Effectivement des études récentes en neuro-endocrinologie on mis en évidence que toute « décharge » émotionnelle déclenche des neurosécrétions et celles-ci laisseront des traces informatives sur la totalité des cellules embryonnaires.

Sans aller plus loin dans les recherches scientifiques, il semble évident qu'un état serein de la mère est essentiel pour le bienêtre de celle-ci et du bébé. C'est pour cette raison qu'il est intéressant de faire une place à l'enfant en mettant en évidence les enjeux inconscients de la maman en devenir ou de la jeune maman.

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Écrit par

Paloma Villaret Piñeiro

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Bibliographie

  • Les dépressions du post-partum : une pathologie de la préoccupation maternelle primaire ?, Bertrand Cramer, dans Médecine & Hygiène | « Devenir » 2002/2 Vol. 14 | pages 89 à 99.
  • D'un dialogue possible entre neurosciences et psychanalyse autour des traumatismes trangénérationels, -Jean-Pierre Muyard, L'harmattan Cahier PréAut, L'Harmattan, 2005/1 n° 2 p. 75 à 85

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