Peur d'échouer, peur de réussir : deux soeurs jumelles

Quel est le lien entre ces deux peurs qui nous empêchent souvent d’atteindre nos objectifs ? Est-ce que l’une pourrait en cacher une autre et comment les différencier ? Que protègent-elles ?

4 AOÛT 2020 · Lecture : min.
Peur d'échouer, peur de réussir : deux soeurs jumelles

La peur de rater est souvent l'excuse que nous nous donnons pour ne pas tenter quelque chose. Lorsque nous nous dévalorisons et nous portons à nous même une faible estime, nous préférons faire l'économie d'une souffrance supplémentaire en cas d'échec.

Dans d'autres cas cependant, la peur d'échouer est le déguisement que revêt une autre peur : celle de réussir ce que nous entreprenons et de nous trouver ainsi dans une situation nouvelle, inconnue, en perdant les avantages auxquels nous étions habitués dans notre zone de confort d'avant la victoire.

Dans ces deux cas, les axes de travail pour en sortir ne sont pas identiques, même s'il s'agit toujours d'aller rechercher ce que la peur protège.

Peur d'échouer et faible estime de soi

Quand la peur d'échouer protège d'un jugement de valeur sur soi, de la part des autres ou de soi-même, nous allons être à l'affût de la moindre faille susceptible de générer une critique ou une auto-critique. Les signes les plus courant de cette peur d'échouer sont les comportements d'évitement et la dévalorisation. Nous évitons alors toute situation qui risque de nous mettre en difficulté, et nous justifions ces évitements par une dévalorisation systématique, dans une position de victime qui permet l'économie de ne pas confronter nos peurs au principe de réalité : « de toute manière je rate TOUJOURS tout», « je n'y arriverai JAMAIS », « c'est perdu D'AVANCE ! »

À l'origine de cette stratégie, on trouve souvent un fantasme de perfection et de toute puissance : il faudrait TOUT réussir TOUT DE SUITE, et du premier coup. C'est la confusion entre l'évaluation de nos compétences et la valeur de l'Être, qui nous prive du droit à l'erreur et des apprentissages qu'il permet : dès lors qu'on ne s'autorise plus à commettre des erreurs on préférera stagner au niveau que l'on maîtrise plutôt que de prendre le risque d'échouer d'abord pour progresser plus tard. Ce fantasme est souvent introjecté mais pas toujours (c'est-à-dire issu de l'éducation). Il peut provenir de parents ou de maîtres trop rigides et stricts, prompts à juger et punir chaque imperfection et exigeant toujours plus de résultats, sans considération du chemin parcouru. A leurs yeux, nous sommes toujours coupables de ne pas mieux faire, quels que soient nos efforts et nos accomplissements. Nous faisons alors tout pour ne pas décevoir ce parent ou ce maître pris pour modèle. Dans d'autre cas, l'admiration et la fierté de nos parents à notre égard peut paradoxalement produire le même effet : par peur de les décevoir, nous ne prenons aucun risque.

Sans oublier aussi le cas des enfants qui se sont structurés dans la violence verbale, les insultes et le rejet, à la merci de parents maltraitants. Coupables quoi qu'ils fassent aux yeux de leurs parents, ceux-là se croient bons à rien et mettrons en place une stratégie d'échec souvent inconsciente qui confirmera le discours de leurs parents sur eux.

Pour sortir de ces types de conditionnements, il s'agit de :

  • Ré-éduquer les pensées et les croyances, en les mettant à l'épreuve du principe de réalité, et de faire la part des choses entre les « EN-JE » (jugements de valeur sur la personne) et les « EN-JEUX » (concerne les compétences et les capacités, qui peuvent s'acquérir et s'améliorer) : comprendre que la valeur de notre Être ne peut s'évaluer, tandis que nos compétences le peuvent,
  • Rétablir aussitôt que possible le droit à l'erreur en l'intégrant à tout nouvel apprentissage. C'est le « soit je gagne, soit j'apprends » si cher à Nelson Mandela. En examinant pour chaque erreur ce qu'elle permet d'apprendre, et de mettre en application aussitôt cet apprentissage pour faire l'expérience de la facilité que cet apprentissage (et donc cette erreur) apporte,
  • Lâcher le Tout ou Rien, tout de suite. Diviser l'objectif en étapes d'apprentissages réalisables va permettre de remporter de petites victoires progressives jusqu'à la « grande victoire » finale. Cela évite la frustration qui peut servir à justifier l'évitement (« je n'y arrive pas, donc ce n'est pas la peine d'essayer »). C'est en réalité une question de bon sens : personne n'apprend à lire ou à écrire d'un seul coup, sans faire l'apprentissage de l'alphabet, puis des phonèmes, puis de la graphie, en répétant et en se trompant d'abord, avant de corriger et de tomber juste.

En progressant par étapes, et en les réussissant, le sujet découvre que ses capacités peuvent s'améliorer et que ses efforts sont récompensés. Il se sent enfin capable, et ce n'est pas le jugement arbitraire d'autrui qui lui dit mais ses résultats tangibles.

Réussir, ce n'est pas anodin ! (Le peur de réussir)

La peur d'échouer peut fonctionner également un peu comme un racket émotionnel, un déguisement qui se substitue pour mieux l'occulter à la peur bien plus inavouable de réussir. Car ici, à la différence de ce qu'il se passe dans la peur de rater, le sujet a tout pour réussir : les compétences, l'énergie, l'estime de soi. Mais au moment de réussir, deux stratégies inconscientes vont s'activer pour le faire échouer : l'autosabotage ou l'incapacitation.

C'est par exemple l'étudiant(e) doué(e) qui se casse la jambe en sortant de chez elle le matin de l'examen, ou qui choisit un sujet qu'il/elle ne maitrise pas alors qu'un autre lui était plus familier. C'est l'avion qu'on rate parce qu'on s'est trompé de route (alors qu'on connait le trajet) et qui devait nous emmener à un rendez-vous important qui aurait pu changer le cours de notre carrière. C'est le sportif qui a survolé une compétition mais qui fait une attaque de panique le jour de sa finale...

Ces actes manqués en disent plus long qu'on ne pense, et l'on peut décider d'aller explorer et comprendre en thérapie ce qu'ils protègent. Ainsi on peut échouer pour :

  • ne pas avoir à se mettre la pression, en cas de réussite, de devoir se maintenir au même niveau de performance,
  • éviter les changements que la réussite pourrait entraîner, que ce soit dans l'entourage ou dans l'environnement. Comme devenir célèbre, devoir déménager, avoir moins de temps pour soi et pour sa famille,
  • rester fidèle au système familial ou à nos amis, qui ne verraient pas d'un si bon œil notre réussite, ou que nous verrions moins souvent en cas de réussite,
  • etc.

C'est un travail sur l'écologie du changement qui a ici besoin d'être mené, en partant de l'observation clinique que quoi que l'on fasse, aucun changement ne peut advenir sans l'accord conscient ET inconscient du sujet, comme le signale Teresa Robles, pour qui le rôle du thérapeute est de guider le consultant là où il veut aller.

On travaillera ainsi à :

  • Évaluer le rapport bénéfice escomptés/pertes présumées du changement, pour décider « en conscience » d'y travailler ou d'y renoncer si c'est préférable,
  • Mettre à jour les croyances et les loyautés que l'échec protège
  • Mettre en place les bonnes protections pour limiter les risques et les effets du changement,
  • Quand c'est possible, transformer l'objectif en sous objectif, en se laissant la possibilité de réévaluer le rapport B/P du changement à chaque étape.
  • Mettre à jour les compétences et les ressources dont le sujet dispose pour s'adapter aux changements que le succès entraînera

Quelle que soit notre histoire et la façon dont nous avons appris ou non à gérer l'échec, nous avons à n'importe quel moment la possibilité de modifier notre manière de fonctionner pour réussir nos objectifs, en faisant l'apprentissage d'une meilleure connaissance de nous-même, de nos peurs et des désirs qu'elles protègent, au moyen d'un coaching ou d'une psychothérapie.

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Caroline Gormand

Praticienne en psychothérapie et Hypnose - Sophrologue Sa vocation est de vous accompagner dans les changements que vous souhaitez pour vous même, dans le cadre d’une écoute bienveillante, afin de vous aider comprendre vos difficultés et blocages, et faire émerger les ressources, savoir-faire et savoir-être que vous pouvez mobiliser.

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