Pourquoi le simple fait de parler est déjà une première étape salvatrice dans l’accompagnement thérapeutique ?

Une question qui revient fréquemment : « Pourquoi consulter et pourquoi le fait de parler à un thérapeute va davantage aider que de parler à une personne de notre entourage ? »

6 FÉVR. 2018 · Lecture : min.
Pourquoi le simple fait de parler est déjà une première étape salvatrice dans l’accompagnement thérapeutique ?

Il y a plusieurs raisons à ceci, nous avons déjà dans un premier temps ce que nous appelons l'effet cathartique mais aussi l'analyse et l'interprétation des mots (m-o-t-s et m-a-u-x). En accompagnement psychologique les professionnels parlent également de transfert et de contre-transfert, mouvement psychique qui se passe entre le thérapeute et le patient.

C'est parce que l'enveloppe corporelle est plus évidente à choyer que l'intérieur, que nous pouvons dissimuler aux autres et parfois à nous-même, notre désordre interne. Tant que l'extérieur paraît propre, le reste n'a pas ou peu d'importance. Alors que là est toute la légitimité du bien-être total. Le corps et l'esprit réagissent en symbiose, si bien que quand l'esprit se tait, c'est le corps qui parle. Alors il faudrait oser lui donner la parole et évacuer ses émotions, ses états d'âmes, ses craintes, ses folies et ses cris.

Voici toute l'utilité de venir « Parler » et d'obtenir un effet cathartique aux paroles verbalisées. « Kathartikos » est l'action de se purger, se libérer d'une angoisse, d'une pression. Le sens premier du terme vient du théâtre. Par la mise en scène de la pitié et de la frayeur, opère l'épuration ou la purgation de ce genre d'émotions. Les spectateurs s'identifiaient aux personnages et vivaient par procuration toutes les passions, et les pulsions de vie et de mort jouées par les acteurs.

Cela revient donc à dire que celui qui ne parle pas, qui ne s'exprime pas avec des mots sur ses maux, sur un lourd passé ou une situation fâcheuse, ne peut pas savoir, connaître et voir son propre mal. Et pourtant, il est là, à l'intérieur, le ronge et peut lui faire déclencher des névroses, psychoses ou autres troubles, des maladies. Expulser son mal par la parole va permettre de ne pas le garder à l'intérieur de lui-même en lui donnant une consistance.

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Verbaliser et donner un « corps » à ce négatif va permettre la possibilité de le transformer et de procéder à un changement. Comment quelque chose peut devenir positive si elle n'est pas identifiée à la base ? En matérialisant le mal, la personne peut alors changer sa couleur, sa forme, son goût, son odeur, son toucher... Mais si cette catharsis « naturelle » n'est pas suffisante, n'y aurait-il pas besoin d'une tierce personne pouvant accompagner la personne dans cette démarche ? Car c'est en l'amenant à mettre une parole sur ces mots (ces maux) qu'il va pouvoir les expulser de son corps.

D'où l'intérêt d'aller consulter un professionnel car une fois que la personne s'est libérée de certaines émotions nuisibles, qu'en fait-il ? Se trouve alors salutaire une technique thérapeutique, appelée en psychanalyse la « cure par la parole », la « libre association » ou encore la « talking cure », permettant de reconstruire les schémas inconscients et attribuer un sens aux difficultés. Avec un tel débit de parole, le conscient, jusqu'à présent contrôlé, lâche prise et c'est alors que l'inconscient fait surface en projetant des mots qui ne semblent pas avoir leur place mais qui prennent tout leur sens. A la suite de leur analyse et de leur interprétation, il sera donc plus facile de prendre conscience de certains maux cachés et de pouvoir s'en débarrasser pour se sentir mieux.

En ce qui concerne les termes de transfert et contre-transfert, si je prends exemple sur ma pratique, je peux dire que pour chacun de mes patients, mon positionnement professionnel est unique, différent et adapté. L'unicité de chaque être humain engendre le fait que la rencontre sera singulière. Le domaine de la psychologie définit ce qu'il se joue lors de cette rencontre par les termes de transfert et contre-transfert. Le transfert permet à la personne, de manière inconsciente, de transférer certains affects, sentiments ou pulsions, positifs ou négatifs, sur le thérapeute. Ainsi, la personne tend à progresser dans l'élaboration de sa transformation. Le contre-transfert intervient en réaction au transfert. Il désigne la réaction du thérapeute face à la personne qu'il reçoit. Le contre-transfert peut donc être interprété comme une implication émotionnelle du thérapeute qui interfère de manière inconsciente dans la relation à la personne.

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C'est indispensable et essentielle ; la résonnance, le transfert, le contre-transfert, le déplacement d'affects, permettent de mettre du lien dans le déroulement des entretiens et dans leurs analyses. Cela fonctionne alors comme un système.

Evidement, il y a question de distance, singulière à chaque thérapeute. Il est naturel de ressentir des émotions à l'écoute et/ou au contact d'une personne. Nous exerçons avec ce que nous sommes, d'où l'importance de se connaître. La résonnance est une arme, ce n'est pas un danger. Je la définirai même comme un outil thérapeutique. L'hypothèse doit circuler. Si celle du départ vient à changer ou à évoluer, le positionnement sera alors différent. La relation est systémique, elle se passe entre deux personnes, c'est donc normal : les personnes échangent, se renvoient chacune des choses avec leur propre vécu, le tout est de savoir ce qu'on en fait. La résonnance permet alors de prendre de la distance.

Il faut savoir que le positionnement du professionnel est neutre, sans jugement, rempli de bienveillance et qu'il connait bien les rouages conscients et inconscients de la personnalité et de l'intellect humain. Un travail de supervision est alors vraiment utile pour évacuer aussi de notre coté !

Photos : Shutterstock

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Écrit par

DERUMIGNY Caroline

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