Suis-je schizophrène ou en passe de le devenir ?
Bonjour, ça va être très long car je souhaite me faire comprendre correctement, je vais donc tenter de rendre ce récit moins insupportable à lire. La première partie c'est des présentations et du contexte (à-peu-près jusqu'à la moitié) et ça vous servira à avoir les renseignements nécessaires pour m'aider à démêler tout ce merdier. La deuxième partie c'est le merdier en question. Merci d'avance et excusez-moi.
J'ai 18 ans. J'ai sauté la grande section, je suis diagnostiqué HPI et les neuropsychologues m'ont fait passer des tests de QI quand j'avais 12 ans et ces derniers se sont révélés astronomiques. J'ai eu une scolarité plutôt mouvementée, j'étais un gosse à problèmes. J'ai toujours eu un énorme problème avec l'autorité. J'ai commencé à fumer des joints quand j'avais 14 ans, j'ai continué jusqu'à mes 16 ans de manière plus ou moins régulière. J'ai arrêté net lorsque j'ai fait mon premier bad trip, un bad trip absolument horrible et traumatisant dans lequel je ne contrôlais plus mes pensées, je m'entendais hurler dans ma propre tête, ma voix atteignant des volumes complètement indescriptibles et j'avais l'impression de devenir fou, de sentir physiquement mon cerveau se scinder en deux.
Mes notes ont chuté lorsque je suis entré en 5ème parce que je me suis retrouvé avec des profs qui n'aimaient pas leur taf, donc leurs cours étaient chiants à mourir et je préférais faire le guignol. J'ai toujours eu beaucoup d'amis, j'ai toujours été très sensible au regard des autres, en quête perpétuelle de reconnaissance. J'ai donc un style assez atypique (grosses chaînes, gros bijoux, grillz, cheveux longs et décolorés en blanc...), je fais beaucoup de musique et je joue beaucoup aux jeux-vidéo.
J'ai une très haute estime de moi, et je tend à être plutôt lucide sur moi-même, donc j'essaie toujours d'examiner mon ressenti sous des angles différents. Ai-je vraiment une estime de moi-même aussi haute ? Est-ce que je me déteste ? Je sais pas trop. Je me retrouve un peu dans tout ce que je vois passer à propos des personnalités narcissiques et psycopathes, m'enfin bon, le sensationnalisme des médias d'Internet, me direz-vous, ça vaut ce que ça vaut.
Mon entrée au lycée s'est déroulée de la manière suivante :
1. Entrée en seconde, 0 problème (à part au niveau des notes).
2. Entrée en première, dans une classe avec des gens que j'aimais pas. Je commence à avoir un sommeil de merde (4h par nuit en moyenne) et je dors en cours toute la journée.
3. Été 2018 - je me fais péter la gueule par un mec de 18 ans ceinture noire de judo.
4. Rentrée en terminale. Je me fais des amis, je rencontre une fille que j'aime beaucoup et on flirte toute l'année sans jamais arriver à rien. Moi qui fais toujours rire les autres, ces derniers ne me font rire que rarement. En revanche, cette fille, elle me faisait beaucoup rire.
5. Avril 2019 : début des problèmes anxieux lors d'un voyage à Paris avec l'école. J'avais déjà souvent peur de faire un AVC ou un infarctus et j'avais l'impression d'en avoir les symptômes. Le dernier jour du voyage, j'avais dormi trois heures la veille et j'avais bu pas mal d'alcool. Je me lève, je me prépare et on va dans un parc avec les profs et la classe. Sur le chemin, je me sens mal, j'ai des symptômes bizarres. Je mange mon sandwich en me disant que ça ira mieux après que j'ai avalé quelque chose. On arrive dans le parc, on se pose, et là ça dégénère. J'ai des gros fourmillements dans la gorge, mes muscles se contractent tout seuls, j'ai très peur. Je me dis "putain je fais un AVC". Allez savoir pourquoi, alors que les AVC ça ressemble même pas à ça. C'était peut-être les fourmillements, dans la tête du gamin en crise d'angoisse que j'étais à ce moment : fourmillements inexpliquables = perte de sensation = cerveau endommagé par l'hémorragie ou l'apport sanguin insuffisant dû au caillot. On appelle les pompiers, les pompiers me disent de boire et qu'ils ne vont pas se déplacer. Je bois et on finit par rentrer. Arrivés à l'auberge de jeunesse, j'ai très envie d'aller à la selle. J'y vais donc d'un pas pressé, et je découvre avec horreur ce qui sort de mes entrailles : des excréments verdâtres et mou, extrêmement odorants. Je me dis alors : "normal que je me sente mal, vu ce que je gardais dans mon ventre ! c'est un alien le truc". Je descend dans le hall, je m'assois, et je commence à me sentir mal à nouveau, mais 10 fois plus mal qu'au parc. Je sens tout mon corps qui se contracte et qui fourmille, je suis prit d'un sentiment inexplicable et je fais venir les profs, me croyant en danger de mort. Ils appellent les pompiers, ces derniers leur expliquent poliment que je ne suis pas en train de crever et qu'ils ne viendront pas. J'entends que les pompiers ne vont pas venir, je me résigné. C'est sûr, c'est la fin. Je vais crever la gueule ouverte devant toute ma classe, moi, le grand gaillard charismatique qui a toujours fait en sorte que tout le monde le voit comme tel. Tant pis. Je vois ma vie défiler devant mes yeux (littéralement, c'est pas des conneries cette histoire ça arrive vraiment, c'est comme des flashs et c'est assez impressionnant), puis plus rien. Il se passe rien, ça commence même à aller un peu mieux. Une grosse femme noire de l'accueil m'apporte un pain au chocolat, on fait nos bagages et on se tire dans le bus. On rentre enfin à la maison. J'ai passé tout le trajet à avoir des bribes du sentiment désagréable que j'avais ressenti dans le hall avant de faire ma crise.
Je rentre à la maison et je vais chez le médecin, qui me dit que j'ai pas de problème de santé et que c'est juste de la spasmophilie, combinée à un trouble anxieux sévère. Moi, de l'anxiété ? Je suis pas une flipette quand même ! Et bah en fait si mec, t'es une flipette. Et une sacrément grosse.
À ce moment-là je pensais encore que j'avais un problème de santé comme une sclérose en plaque ou autre. Puis a commencé ma descente aux enfers. J'ai commencé à rater les cours, le simple fait d'être dans une classe m'étant totalement insupportable. J'avais peur de faire une crise devant tout le monde, j'avais peur d'être vu en train de flipper ou de mourir. Parfois, je ratais les cours pendant une semaine entière. Vers la fin de l'année, j'ai eu ma journée d'appel. Je me suis enfilé 8 cafés en moins d'une heure + des clopes entre chaque café. Pendant l'intervention du major, j'ai commencé à me sentir très mal, et j'ai essayé de contenir mon mal-être le plus longtemps possible. J'ai finalement dû sortir, et on a dû appeler mes parents pour qu'ils me récupèrent, j'avais le cœur qui battait à 10000.
N'ayant rien foutu de l'année et le bac se rapprochant à grands pas, je m'étais mit en tête de tout réviser à la dernière minute et de réussir haut la main (ça a toujours fonctionné, du moins quand je faisais l'effort de réviser). L'anxiété m'a coupé court dans mon projet, et je dus me résigner à quémander un redoublement. J'ai fait des pieds et des mains pour l'obtenir, les conditions étant que :
- je laisse les autres travailler tranquilles
- je travaille
- je me soigne avant la rentrée (haha)
- je passe le bac, même si je devais le rater.
Je leur ai donc promis que je ferai tout ça, y croyant moi-même au plus profond de mon être. J'ai passé le bac en ayant raté les trois quarts du programme. J'ai eu 17 en philo et 18 en anglais. Pour le reste ça tournait autour du 1/20. L'épreuve fut un calvaire pour moi, vous vous doutez bien que mes symptômes ne m'ont pas fait l'honneur de me laisser tranquille pour l'épreuve du diplôme le plus important que je n'ai jamais eu. J'ai donc passé une semaine à me présenter à chaque épreuve, à l'heure, et à sentir mon âme quitter mon corps à chaque symptôme, c'est-à-dire environ 8 fois par minute.
6. Été 2019 - Les crises avaient continué, les symptômes d'infarctus ou d'AVC devenant de plus en plus intenses. Je suis allé voir deux cardiologues, une psychologue, un médecin chinois, deux ostéopathes, une psychiatre et une sophrologue. Résultat des courses : des extrasystoles, le dos légèrement bloqué et un trouble anxieux généralisé. Rien de grave en somme. Sauf que moi, et bah figurez-vous que j'avais des symptômes qui m'indiquaient que j'allais mourir dans les minutes qui suivent. Donc bah j'étais pas hyper convaincu, m'voyez. On m'a prescrit un antidépresseur anxiolytique régulateur de la sérotonine (j'ai oublié le nom), et ça a juste aggravé mon cas. Les effets secondaires me terrifiaient et je faisais des cauchemars horribles. J'ai fini la durée initiale du traitement (2 mois) et j'ai arrêté d'en prendre, progressivement.
7. Rentrée en terminale (bis). C'est parti pour mon année de terminale que je me suis engagé à prendre au sérieux ! Arrivée à l'heure. Je rentre en cours. Je me sens mal. Je sors du cours. Téléphone Maman. Maman vient me chercher. Moi -> maison. Je suis plus jamais retourné en cours. Juste certaines fois pour traîner avec la fille que j'avais rencontré au début de ma première terminale. J'étais en couple avec ma copine actuelle mais je crois que j'étais amoureux de cette fille, au fond. On s'entendait très bien. Un jour, je vais au lycée pour traîner avec elle et on se voit dehors. Elle me dit qu'elle ne va pas aller manger à la cantine parce que je suis incapable d'y aller et qu'elle ne veut pas me laisser seul. C'était la dernière fois que je l'ai vu. Elle est morte deux semaines plus tard, le 23 Octobre 2019, passagère d'une voiture conduite par un énorme connard que j'ai jamais pu blairer, alcoolisé et défoncé au shit. Y'a eu des magouilles avec la police donc ce mec n'aura jamais ce qu'il mérite, et, selon ses mots, il va même "continuer à rouler vite, c'est trop bien".
J'ai été accablé d'une culpabilité sans précédents, je suis même pas allé à la voir à l'hôpital lorsqu'elle était entre la vie et la mort.
J'ai commencé à chercher des réponses dans ma tête. Pourquoi elle est morte ? C'est vraiment ça la vie ? C'est réel ? J'ai pas besoin de ça en ce moment, je suis déjà au fond du trou (je pensais déjà à mettre fin à mes jours, l'anxiété était devenue trop envahissante), pourquoi ça me tombe sur la gueule maintenant ?
J'ai commencé à être obsédé par l'univers, par savoir comment marchent les choses. J'ai été obsédé par des questions qui n'ont pas de réponse. Y'a quoi en dehors de l'univers ? C'est quoi le début des choses ? La réalité est faite de quoi ? On est vraiment en train de se balader sur une boule qui flotte dans le vide et ça dérange que moi sur toute la planète ? À mesures que mes questions devenaient de plus en plus profondes et de plus en plus précises, mes obsessions physiques et scientifiques devinrent métaphysiques et philosophiques. J'ai commencé à faire de la déréalisation, de la dépersonnalisation. J'avais l'impression que rien n'existait, que rien n'avait de sens. Au fond on est rien de plus que des atomes, et les pensées c'est que des courants électriques ? Mes sentiments c'est que des molécules ? Je suis juste un système nerveux enveloppé d'une armure de peau, d'os et de muscles ? Mes yeux c'est pas des "yeux", c'est juste des billes avec un trou dedans et ils captent la lumière et envoient cette lumière à mon cerveau sous forme d'information ? Tout se démystifiait petit à petit, et à mesure que tout devenait plus clair, tout devenait plus sombre. C'est des notions de SVT de 6ème tout ça, mais c'est vraiment terrifiant quand on en prend réellement conscience. Tout me terrifiait. Ça faisait déjà un an que je touchais plus aux médicaments parce que ça me faisait trop peur. Je passais des journées à endurer des pensées envahissantes et terrifiantes sur la nature de la réalité, sur mon inexorable vieillissement, ainsi que des symptômes toujours plus forts, toujours plus effrayants et toujours plus réels.
Ma psychologue m'a lâché au premier confinement, me laisser entendre qu'elle était dépassée par ma situation et qu'elle n'était plus en capacité de m'aider, mon problème dépassant ses compétences. C'est devenu de pire en pire, j'ai passé une longue période sans être suivi par un quelconque professionnel. J'avais déjà peur d'être schizophrène, collectionnant tous les facteurs aggravants (isolement, anxiété, stress), ayant consommé du cannabis pendant deux ans et ma tante étant schizophrène. Ma psy et tous les autres psys que j'ai vu ensuite m'ont dit que je ne l'étais pas, mais pas exactement. Ça a toujours été "je ne pense pas". Mon état s'est aggravé, j'ai failli faire des tentatives de suicide plusieurs fois, la vie me paraissant sans importance, sans but, vouée à disparaître et éprouvante.
Je me suis rendu compte de ce qu'implique le fait de mourir contre sa volonté, de vieillir. Vous allez rire, mais j'ai réellement tapé sur internet : "comment ne pas mourir". Et bien figurez-vous que j'en ai apprit une bonne, et quand j'ai lu ça, j'ai laissé échapper un rire et des larmes de soulagement. Je me suis mit en tête d'arrêter le vieillissement (les progrès dans ce domaine sont assez impressionnants) parce que 80 ans c'est trop peu pour moi. En 80 ans, je vais être obligé de faire des sacrifices. Je veux avoir le temps de faire tout ce que j'ai à faire. Je me suis demandé maintes et maintes fois, en essayant de me rassurer, si tout cela n'était pas juste passager et résultait de mon problème avec l'autorité, ma condition d'humain représentant une autorité suprême et infranchissable. J'ai cherché des explications partout, j'ai entendu parler d'anxiété, de déréalisation, de ci et de ça, mais rien n'a jamais changé. Je me suis demandé si ce refus catégorique de la réalité telle que l'ai toujours connue n'était pas lié à mon deuil inachevé (je pleure encore parfois, c'est par période, mais ça fait toujours aussi mal et j'arrive toujours pas à comprendre que ça puisse réellement arriver. Enfin, je l'ai accepté, mais je sais pas. Quand j'y pense, quand j'y pense fort fort fort et en profondeur, y'a toujours une sorte de blocage). Je sais pas trop. J'ai l'impression que ce genre d'introspection ne me sert qu'à me rassurer sur la réelle nature du problème.
Mon récit commence à être légèrement décousu, je saute des choses, j'ai du mal à écrire, pardonnez-moi.
Je vais sauter volontairement tous mes questionnements métaphysiques et philosophiques, mais je vais tout de même insister sur le fait que c'était extrêmement profond, désagréable, envahissant et grandissant. Ces prises de conscience à répétition m'ont détruit psychologiquement. Aujourd'hui je suis un être faible, mou et je n'ai plus aucune volonté. Depuis environ 1 mois, les symptômes se sont effacés. Seuls mes extrasystoles persistent, c'est parfois assez violent mais d'après le cardiologue c'est pas grave, alors j'essaie de passer outre.
Néanmoins, reste toujours ma peur de la maladie mentale. Il se trouve que, il y a un mois environ j'ai passé une semaine chez ma copine. La relation que j'ai avec elle est étrange. C'est une personne qui m'aime d'un amour inconditionnel, j'ai besoin de son amour, j'ai besoin de ce qu'elle m'apporte, mais je crois que je commence à me lasser d'elle, sentimentalement parlant. Mon amour s'efface, du moins j'en ai l'impression. C'est ma relation la plus longue, en février ça fera deux ans qu'on est ensemble, mes autres relations n'ayant duré que quelques mois. Bref, j'étais chez elle. Et un soir, alors que j'étais en proie à des réflexions sur la réalité objective et sur l'importance qu'aurait un meurtre si tout ce que je vis n'est pas réel, j'ai eu envie de la tuer. Enfin je sais pas trop. J'ai eu le sentiment d'en avoir envie. J'ai eu peur d'en avoir envie. Je sais pas. Mais je pensais qu'à ça. J'étais obsédé par le fait de savoir à quel moment elle cesserait d'être une personne. Je suis allé chercher un couteau dans la cuisine, NON PAS POUR PASSER À L'ACTE, mais pour vérifier si l'avoir dans la main me ferait prendre conscience de l'énormité de la situation.
Je crois que c'était juste une phobie d'impulsion, néanmoins ça m'a bien fait flipper. Ça m'a fait redoubler d'inquiétude à propos de ma santé mentale. J'en ai parlé à mon psy, il m'a dit qu'il trouvait inquiétant le fait qu'il y ait eu un "élément de motricité" (càd pendre le couteau). Récemment j'ai cru comprendre que c'était parce qu'elle est trop prévisible et que ça me gonfle, je la connais trop bien, c'en devient chiant. Je sais pas trop ce qu'il s'est passé dans mon inconscient mais quand quelque chose me contrarie ça résulte en des manifestations anxieuses ou nerveuses.
J'ai toujours eu des petits TOC, très très légers, comme par exemple ne pas pouvoir m'empêcher de regarder certains passages d'une vidéo en boucle pour vérifier chaque quelque chose d'encore plus précis. Je sais pas d'où ça vient, mais c'est là, et quand je veux dormir, par exemple, ou quand je vais moins mal que d'habitude, quelque chose de ce type se déclenche en moi et me force à penser à des choses qui me terrifient comme la nature de la réalité objective, des sujets métaphysiques, ma santé mentale, ou alors des images terrifiantes, glauques et dégueulasses comme des visages horribles ou des cadavres. Ce qui s'est passé se soir-là chez ma copine était de cet ordre-là. J'étais obligé de penser à ça, j'arrivais pas à m'en dépêtrer. Je lui en ai parlé après avoir appeler mon psychiatre, et elle m'a dit que c'est "pas rassurant" mais qu'elle a pas peur de moi. Haha cool, sur nous y'en a au moins un qui a pas peur de moi alors.
Hier, je suis allé voir mon psychiatre. Il est vieux, il n'a pas internet et n'est pas très à jour au sujet des avancées de la psychologie. C'est un psychanalyste. J'ai enfin réussi à lui faire comprendre que J'AI UN GROS PROBLÈME AVEC LA SCHIZOPHRÉNIE ET J'AIMERAIS ÊTRE FIXÉ SUR MA SITUATION. Je lui ai dit que je fais des rêves dans lesquels je voyage dans d'autres dimensions et que dans certains de ces rêves, à la fin du rêve, une personne tierce me fait prendre conscience que depuis le début elle m'observe discuter avec des gens qui n'existent pas, et que ces gens sont donc des hallucinations. Et que je suis par conséquent schizophrène. En général je me bouffe une bonne grosse dose d'adrénaline et je me réveille à ce moment-là, ou alors je pleure pendant des heures dans mon rêve en étant effrayé et désespéré, et je finis par me réveiller. C'est qu'après lui avoir dit ça qu'il a compris que oui, j'ai peur d'être schizophrène. Mais très très peur. Alors que ça fait des dizaines de séances que je lui explique l'évolution de mon problème. M'enfin bref. Toujours est-il que j'ai ENFIN réussi à me débarrasser de la plupart de mes symptômes, et que je dois encore me coltiner cette peur incessante de la schizophrénie.
"C'est trop tôt pour le savoir", qu'il m'a dit. Et moi de lui répondre : "mais ça penche plutôt vers un oui ou vers un non ?" "Je sais pas, mais il est clair que la schizophrénie représente une menace au vu de ta déssocialisation et de ton manque d'activité."
Il faut savoir que si je vois peu de gens c'est parce que ces gens suivent des études, et aussi parce qu'il y a un confinement. Mais je ne suis en aucun cas en train de couper contact volontairement avec mon entourage.
Je n'avais pas prévu d'écrire tout ça. Aujourd'hui je me suis enfin mit à enregistrer un nouveau morceau après des mois d'inactivité musicale, j'ai nettoyé la cage de mes rats après des jours d'auto-motivation inefficace. J'étais en train de mixer ma voix avec le son bien fort dans mon casque. Et j'ai vu, du coin de l'œil, une tâche sombre et floue s'approcher de moi très vite. Ça a duré une demi-seconde mais ça m'a fait bondir, j'ai eu extrêmement peur. Je vois souvent des tâches en mouvement du coin de l'œil, comme tout le monde, sauf que tout le monde n'est pas aussi anxieux donc tout le monde ne le remarque pas autant que moi. Mais cette fois c'était vraiment terrifiant et j'ai eu très, très peur. Quand j'ai le casque sur les oreilles, j'ai peur parce que j'entends pas autour de moi. Ma chambre est sombre et y'a un grand miroir. J'ai peur des miroirs. Bref, je suis pas à l'aise. Je sais pas si c'est à cause de ça, j'espère juste que c'est pas ma première hallucination schizophrénique.
J'ai pas envie d'attendre mon prochain rendez-vous pour continuer le même processus lent et sinueux que j'entreprends avec mon psy. On va nulle part, et moi j'ai besoin de savoir si je dois m'inquiéter. J'ai besoin de savoir avec quelle dose de positivité je dois aborder l'avenir, parce que pour l'instant c'est que du négatif, l'avenir me terrifie à cause de la schizophrénie et je sais pas comment changer ça. Je peux pas aller mieux dans ces conditions, ça a assez duré. C'est pour cette raison que je sollicite votre avis. Certes, vous ne me connaissez pas, et vous ne savez de moi que ce que j'ai écrit ici. Mais j'ai terriblement besoin d'avis. Il me faut des avis sur mon état mental sinon je crois que je vais péter un câble. Ça fait deux ans que je suis dans le flou, c'est plus possible. Je n'attends pas de vous que vous me disiez quelque chose qui va enfin me sortir de là, mais peut-être saurez-vous m'éclairer ne serait-ce qu'un tout petit peu vis-à-vis de ma situation.
Merci beaucoup d'avoir lu cet énorme pavé, sincèrement.