Qu'est-ce qui fait qu'une psychothérapie fonctionne ou pas ?

Comment se fait-il qu'il existe tant de techniques de psychothérapie, si diverses, et que toutes obtiennent des résultats ?

23 FÉVR. 2018 · Lecture : min.
Qu'est-ce qui fait qu'une psychothérapie fonctionne ou pas ?

Il existe des centaines de méthodes de psychothérapie, toutes ou la plupart peuvent revendiquer d'obtenir des résultats, alors qu'elles font appel à des théories et des techniques extrêmement variées, voire antagonistes parfois. Je ne dis pas que toutes se valent, pour autant, et je ne crois pas qu'aucune atteigne 100% de réussite, mais chacune peut produire des témoignages de clients dont la vie a été transformée, qui ont retrouvé bonheur et joie de vivre, grâce à cette méthode. Que peut-on donc en conclure ? Comment expliquer ce fait ?

ob_f21c4c_01-suicide-annonce.jpg

On pourrait dire que c'est parce que certaines méthodes correspondent à certains cas, et d'autres à d'autres cas. Ceci est peut-être vrai, mais en partie seulement. Il semble en effet raisonnable de considérer que, à gravités à peu près comparables des symptômes, certaines personnes puissent avoir besoin d'une thérapie relativement longue, jusqu'à plusieurs années, tandis que pour d'autres juste quelques séances pourront suffire, étant entendu que nous ne parlons ici que de cas purement psychiques. Mais en réalité ce n'est pas là, de très loin, le facteur le plus important.

ob_defb01_03-personne-ne-m-ecoute.jpg

Selon les différentes études qui ont été menées sur ces questions, le premier facteur, le plus important — pour environ 40% —, est la motivation de la personne ; on le sait, si ce n'est pas elle qui est demandeuse, pratiquement rien ne pourra changer. En ajoutant à ce premier facteur celui de la confiance qu'elle accorde à la méthode qu'elle a choisie, on est déjà à peu près à 55% des facteurs qui contribueront à la réussite de la cure. Bien noter que sa confiance en la méthode choisie ne dit rien sur les qualités intrinsèques de ladite méthode : il s'agit ici d'un pur effet placebo, à ajouter donc à la volonté de s'en sortir.

Peut-on alors en conclure que les spécificités de la méthode jouent quand même pour le reste, soit quelques 45% ? absolument pas, ou très indirectement, car ce qui vient ensuite pour la plus grosse part — pour environ 30% — c'est la qualité de la relation établie avec le thérapeute. Ici, la méthode ne peut jouer que dans la mesure où elle s'avèrera plus ou moins un obstacle à ce que s'instaure cette relation, par exemple en encourageant le thérapeute dans une position haute, la position de celui qui sait et domine l'autre du haut de son savoir ; mais si tel n'est pas le cas, alors la qualité de la relation dépend essentiellement des qualités personnelles manifestées par le thérapeute. Je vais y revenir.

ob_89ab18_02-lecon-de-psychanalyse.jpg

Finalement, dans les facteurs de réussite d'une thérapie, seuls 15 petits % reviennent donc aux spécificités de la méthode ! Ainsi s'explique le plus naturellement possible qu'existent ces centaines de techniques, si différentes, et qu'elles puissent toutes revendiquer des efficacités apparemment, et réellement, très proches les unes des autres. Pour la personne qui veut s'engager dans une thérapie, une conclusion s'impose alors : qu'elle choisisse de préférence une méthode qui l'inspire (ce qui jouera pour environ 15% dans la réussite), mais surtout qu'elle choisisse un thérapeute avec lequel elle se sente en confiance, écoutée et respectée, sans aucune commisération, et encore moins méprisée évidemment !

Du point de vue du thérapeute, le défi est assez simple à formuler, mais peut être plus difficile à réaliser : être ouvert ; à la personne qui s'adresse à lui, à qui elle est, avec ses lumières et ses ombres, et toutes les accepter, pour lui permettre de les exprimer, car c'est ce dont elle a besoin, être reconnue et valorisée dans ce qui fait son unicité, dans ce qui fait qu'elle est elle et personne d'autre ; et être ouvert à ce que cette ouverture à l'autre ne manquera pas de lui révéler sur lui-même, dans les similitudes comme les différences : le thérapeute aussi a droit à son unicité, et à s'aimer, autant qu'il aime son client.

ob_5e4d4e_04-problemes-infirmiers.jpg

PUBLICITÉ

Écrit par

Xavier Martin-Prével

Consultez nos meilleurs spécialistes en
Laissez un commentaire

PUBLICITÉ

Commentaires 3
  • Xavier Martin-Prével

    Merci à vous deux, Églantine et Nathalie, de vos réactions à cet article. Oui, c'est sûr, une thérapie qui ne change pas le cours de la vie, c'est une thérapie qui a échoué, sans qu'on puisse forcément dire pourquoi. Et oui, bien sûr, l'investissement du client est indispensable — même si cela ne passe pas forcément par un effort financier, cf Françoise Dolto qui, dans ses consultations en dispensaire, se faisait payer en caillous ! Il est vrai aussi qu'on peut quand même faire une nette distinction entre, d'une part, les thérapies dites brèves, et, d'autre part, les thérapies dites longues, soit essentiellement analytiques. Les unes et les autres ne visent pas aux mêmes objectifs. L'idéal, sans doute, à mon sens, serait de disposer d'une méthode qui puisse, souplement, passer de la visée essentiellement performative des thérapies brèves à la visée plus systématique des thérapies analytiques.

  • Mirabelle

    Une psychothérapie bien conduite donne de bons résultats mais il faut être investi de part et d'autre. Il est important que le patient se sente écouté et respecté et que ce lien s'établisse entre le thérapeute et son patient. Une thérapie est un coût, un temps précieux pour travailler sur soi avec son thérapeute et indépendamment de lui ou elle et la réussite dépend de l'approche thérapeutique. Plus le thérapeute à d'outils ou approches, meilleures sont les chances de réussite de la thérapie pour le patient. Je pense que suivant les cas, chaque patient a une thérapie adaptée, certaines sont complementaires. Cependant, il n'est pas facile de choisir une thérapie qu'on va mal. Mais une chose est sûre, une thérapie change le cours d'une vie.

  • Nathalie FOLLMANN

    En tant que praticienne en hypnothérapie clinique intégrative, je souhaitais intervenir sur cet article. Pour ma part, je pense qu'il y a plusieurs facteurs qui fait qu'une psychothérapie ne fonctionne pas. Certaines ont été énumérées dans cet article, et j'insiste sur le fait qu'une démarche thérapeutique doit rester une "priorité" pour la personne afin d'obtenir un résultat. Néanmoins, toutes les thérapies ne se ressemblent pas. Il est évident que si on se dirige vers la psychanalyse, la personne s'engage pour de nombreuses années. Après il existe de nombreuses approches alternatives qui elle même ne se ressemblent pas. Je résumerai en disant que pour qu'une psychothérapie fonctionne, ces critères sont à respecter : 1.L'investissement personnel et financier (cela inclue donc une réelle motivation) 2.Le lien thérapeutique 3.Les techniques du praticien Je pense également que chaque personne avance à son propre rythme et que parfois, le praticien se trouve là au bon moment, au moment où la personne est "prête" quelques soit la pratique ou vice versa, la personne souhaite changer mais n'est pas prête à faire l'effort,...

derniers articles sur thérapies et méthodes de psychologie

PUBLICITÉ