Traumatismes psychologiques : les différents types et comment les guérir

S’il existe la vague conscience que la souffrance du traumatisme est plus profonde et durable que celle du stress, ces deux termes semblent confondus l’un avec l’autre.

15 NOV. 2021 · Lecture : min.
Traumatismes psychologiques : les différents types et comment les guérir

"Sait-il en fin de compte, lui, l'homme isolé, seul en son particulier, qu'il est le fléau qui fera s'incliner la balance de tel ou tel coté?" C-G. JUNG

Le mot « traumatisme » est apparu à la fin du XIXe siècle, il tire sa racine du grec « trauma» (blessure). Aujourd'hui, ce terme connaît son inflation. Cette banalisation de son emploi dans le langage courant, qui témoigne de l'importance accordée de nos jours à notre vie psychique, a entraîné l'affadissement du sens du mot « traumatisme ».

À chaque instant de notre vie, nous sommes confrontés à des défis et des difficultés, mais ce n'est pas toujours un traumatisme. Si une personne confrontée à un événement traumatique est mobilisée et le surmonte d'une manière ou d'une autre et s'en sort indemne, cela devient alors une expérience positive et rend cette personne encore plus forte. Si le dépassement de cette expérience échoue, qu'il n'est pas possible de l'intégrer, alors on peut parler de la survenue d'un traumatisme psychologique. Il peut être défini comme une percée dans la protection psychologique et physique naturelle d'une personne, lorsqu'elle se trouve complètement sans défense face à un événement qui concerne la vie et la santé.

Les 5 types de traumatisme psychologique

Il existe de nombreuses classifications du traumatisme psychologique. Je vous propose celle-ci :

  • Traumatisme de choc ou traumatisme à la suite d'une menace de mort. C'est une incrustation dans notre psyché d'une image de la mort. Par exemple quand la vie d'une personne est menacée : il a la certitude qu'il va mourir, il voit sa propre mort. Ou le réel de la mort est perçu à travers la mort de l'autre dans des circonstances où l'effet de surprise joue son rôle. Cependant, il peut y avoir également traumatisme psychique chez des personnes impliquées dans la mort de l'autre, préparées à la mort de l'autre, puisqu'elles en sont les auteures. L'élément de surprise joue ici sur un autre registre : le réel de la mort n'est pas ce qui avait été imaginairement anticipé. Ce type comprend des événements tels que : les catastrophes, les opérations militaires, les accidents, les catastrophes naturelles, les violences physiques ou sexuelles, les attaques, les interventions chirurgicales, des procédures médicales douloureuses et invalidantes.
  • Traumatisme émotionnel. Il comprend des événements tels que la perte d'êtres chers, le divorce, l'adultère, la trahison, etc. Il peut être caractérisé comme une violation du confort mental, une perte de l'objet d'attachement, une violation des relations dyadiques. Le fait qu'un événement reporté devienne un traumatisme dépend de plusieurs facteurs, notamment de la structure psychique et des antécédents de traumatisme de développement.
  • Traumatisme de développement. C'est une transgression du développement psycho-émotionnel séquentiel d'un enfant et d'un adolescent causée par des privations ou des frustrations ou un événement traumatisant. Ce que S. FERENCZI appelle « le traumatisme narcissique ». On parle alors des blessures narcissiques dans l'enfance à la suite de l'action excessive et violente d'une excitation prématurée liée à la réponse inadéquate ou à l'absence de réponse de l'objet (une personne importante dans l'enfance). Celles-ci (réponse inadéquate ou absence de réponse) peuvent non seulement se sexualiser (défense par la sexualisation), mais aussi, étant par trop effractantes pour le psychisme, peuvent prendre alors la valeur d'un viol psychique : viol de l'affect, comme viol de la pensée.
  • Traumatisme embryonnaire. C'est un traumatisme combiné : choc (une menace pour la vie de la mère ou du fœtus pendant la grossesse, des effets indésirables physiques et chimiques sur le fœtus, le désir ou tentative d'avortement, des maladies infectieuses graves) et traumatisme de développement (une grossesse non désirée, une dépression de la mère pendant la grossesse, un traumatisme émotionnel de la mère pendant la grossesse).
  • Traumatisme de la naissance. O. RANK donne à ce traumatisme un rôle central dans le développement de la personnalité au point que la naissance constitue un choc profond qui crée un réservoir d'angoisse dont les parties se déchargeront, se libèreront à travers toute l'existence.

Le traumatisme n'est pas lié à l'événement lui-même mais à la perception individuelle de cet événement. Evidement le même événement peut avoir un impact diffèrent sur chacun. Lorsqu'un traumatisme survient, les sentiments d'impuissance, de menace, d'incapacité d'être pleinement nous-même s'installent. Et finalement s'il n'y a pas de soutien émotionnel la honte et la culpabilité nous accompagnent en permanence. De plus cette dévalorisation profonde nous pousse à croire que l'on n'est pas digne d'exister ou encore devenu complètement fou. Au travers des différents mécanismes de défense, le traumatisme nous éloigne de notre propre identité. Il est donc l'incrustation à l'intérieur de l'appareil psychique d'une image qui ne devrait pas s'y trouver.

Un traumatisme peut-il se guérir ?

Cependant il n'a pas à être notre condamnation à perpétuité. Un traumatisme peut non seulement être guéri, mais avec une aide et un soutien approprié, il peut changer la vie. Le traumatisme est potentiellement l'une des forces les plus importantes pouvant induire un éveil et un développement psychologique, social et spirituel.

Cependant, il faut se préparer au fait que le traitement des traumatismes peut prendre assez longtemps. Les périodes de rémission peuvent être suivies d'exacerbations. Les processus pathologiques dans la psyché avec un traumatisme incomplètement guéri peuvent passer inaperçus pour un observateur inexpérimenté. Et puis se transformer en exacerbations inattendues. Les personnes traumatisées souffrent de symptômes effrayants et souvent bizarres tels que :

  • des flash backs,
  • l'anxiété,
  • des attaques de panique,
  • l'insomnie,
  • la dépression,
  • des troubles psychosomatiques,
  • le manque de confiance en soi,
  • des accès de colère et de violence déraisonnables
  • des comportements destructeurs répétitifs.

La plupart des thérapies de trauma ciblent la psyché par la conversation et les molécules du cerveau par la médication. Ces deux approches présentent certains avantages cependant, selon le psychothérapeute américain Peter LEVINE, le traumatisme ne sera pas et ne pourra jamais être guéri jusqu'à ce que nous nous tournions vers le corps, reconnaissant son rôle essentiel dans le processus thérapeutique. Nous devons comprendre comment le traumatisme affecte le corps et son rôle de premier plan dans la guérison de ses effets. Sans cette compréhension, toutes nos tentatives pour faire face aux traumatismes seront très limitées et unilatérales.

« Si vous voulez guérir vous n'avez pas besoin de connaître la vérité objective et il est inutile, voire nuisible, de se remémorer de vieux souvenirs ni de revivre d'anciennes souffrances pour guérir le traumatisme ».

En effet, des émotions lourdes et douloureuses peuvent conduire à un nouveau traumatisme. Afin de nous libérer de nos symptômes et de nos peurs, nous n'avons qu'une chose à faire : réveiller nos ressources physiologiques les plus profondes et les utiliser consciemment.

La guérison d'un traumatisme est un processus naturel qui peut être réveillé par la conscience intérieure de votre corps.

La séparation « du corps et de l'âme » est l'une des principales conséquences du traumatisme. La perte de sensation cutanée est une manifestation physique courante d'engourdissement et de séparation que les gens ressentent après un traumatisme. Pour commencer à retrouver votre sensibilité, vous pouvez faire l'exercice de prise de conscience. Dans son livre, Peter LEVINE propose l'exercice suivant pour initier le processus de guérison.

Exercice pour initier le processus de guérison

  • Prenez une douche pulsée douce de 10 minutes chaque jour.
  • En faisant couler de l'eau fraîche ou légèrement tiède, placez tout votre corps sous ses jets pulsants.
  • Concentrez pleinement votre attention sur la zone de votre corps où se concentre la stimulation rythmique.
  • Tournez autour de votre axe, incitant votre conscience à passer d'une partie de votre corps à une autre.
  • Appuyez la pomme de douche contre vos bras puis vos paumes des mains et poignets, puis - le visage des deux côtés, les épaules, les aisselles, etc. Essayez d'inclure toutes les parties de votre corps dans ce processus : la tête, le front, le cou, la poitrine, les jambes, le bassin, les cuisses, les chevilles et les pieds.
  • Prenez conscience des sensations dans chacune de ces zones, même si vous ne ressentez rien, ressentez un engourdissement ou même de la douleur. Pendant que vous faites cela, dites-vous : « c'est ma tête, mon cou », et ainsi de suite. "Je suis content que tu sois de retour." Une tape rapide et légère des différentes parties vous procurera une sensation d'éveil similaire.

Ce premier exercice vous aidera à retrouver le sens de votre propre corps, ainsi que les sensations de votre peau, si vous le faites régulièrement pendant un certain temps.

Je crois que la chair et le sang sont plus sages que l'intellect. Notre corps inconscient est le lieu où la vie bat son plein en nous. C'est ainsi que nous apprenons que nous sommes vivants, vivants au plus profond de nos âmes, de temps en temps en contact avec l'univers lumineux et sans limites.

Photos : Shutterstock

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Écrit par

Daria Surova Bénédite

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Bibliographie

  • P.LEVINE « Réveiller le tigre » InterEditions, 2019
  • F.LEBIGOT « Traiter les traumatismes psychiques » Dunod, 2005
  • GREEN. « Genèse et situation des états limites » Les états limites. Nouveau paradigme pour la psychanalyse ? 1999

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Commentaires 2
  • Jiji

    Bonjour, Une chose m'a fait tilté dans l'article et je souhaite avoir un complément d'informations. Il est indiqué que seul sa manière de voir l'événement va le qualifier de traumatisme. Je n'en comprends pas le sens. Si nous prenons l'exemple du viol à un très jeune âge, je souhaite savoir comment l'enfant (petit-e) peut considérer cet événement comme personnel (en sachant que ce genre de traumatisme change complètement la physiologie, le développement psycho-neurobiologique...). Je vous remercie pour votre réponse.

  • Mistinguette

    Moi, j'ai traité mes traumatismes par l'emdr et la TCC, très efficace, je n'y pense plus maintenant alors qu'avant ça me hanté.

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